Fiche de lecture : La Riposte de Philippe Meirieu

Francine Depras, febrero 2022

Francine Depras a lu l’un des ouvrages de références du chercheur, essayiste et homme politique français, spécialiste des sciences de l’éducation et de la pédagogie, Philippe Meirieu : La Riposte.

Thème du livre : la contribution d’un acteur, militant engagé, pour un débat démocratique sur l’éducation plus nécessaire que jamais, un essai sans concession qui n’épargne personne, ni lui-même , il reconnaît s’être aussi trompé pris dans l’engrenage des querelles entre les conceptions pédagogiques héritées et les nouvelles. Mais l’ouvrage est aussi un appel pour riposter à la vague d’éducation néo-libérale, qui réinvestit les pédagogies actives et alternatives à ses propres fins.

La pédagogie doit rester une boussole qui est centrée sur le développement de l’enfant et son processus de socialisation en se fondant sur la transmission de connaissances stabilisées par la recherche et articulées sur une pratique inventive et créative.

L’École est un enjeu de société qui subit des transformations sociétales quant au statut de l’enfant au sein de la famille « les enfants étant l’objet de toutes les projections, ils sont considérés comme exceptionnels. Comme les parents ont investi une charge affective considérable, ils exigent d’être aimés : les enfants sont alors tentés de demander toujours plus, en mettant s’il le faut les adultes en concurrence. Or l’éducation nécessite de résister à l’exercice de cette toute-puissance infantile pour que les enfants puissent apprendre à surseoir à leurs pulsions, à différer leurs demandes et à construire une résistance l’immédiateté et au “tout, tout de suite”".

L’École est un « bien commun éducatif » (p184) qui nécessite plus que jamais une réflexion pédagogique qui n’écarte pas la question des finalités et des valeurs au nom d’une efficacité renvoyant exclusivement à des résultats chiffrés (p 269). Meirieu s’étonne de l’« Etrange situation : nous ressemblons à des marins qui dissertent sur les qualités du capitaine et se disputent sur les avantages réciproques de la voile et de la vapeur sans jamais consulter une boussole ni s’interroger sur leur destination » (conclusion p 272).

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Une introduction et deux grandes parties.

La première partie est d’une tonalité critique qui renvoie aux contradictions des tenants des pédagogies actives et nouvelles et aux postures radicales entre antipégagos et hyperpédagos ente école unique ou écoles nouvelles ( p37 à 128) parsemés d’expériences qui ne parviennent à se généraliser (illustrés par des exemples telles le cas de l’école élémentaire de Vaulx en Velin, le Collège Clisthène à Bordeaux). La grande ambiguïté de « l’autonomie des établissements » (p119 à 121)  »un système complètement unifié est impossible, car les contextes et les histoires locales, la diversité des territoires, de leur ressources et de leurs contraintes, la singularité des personnes et des groupes humains ne permettent en aucun cas d’obtenir une homogénéité complète du fonctionnement scolaire… homogénéité génératrice d’injustices puisqu’elles ne permettraient pas de compenser, ou du moins de prendre en compte les inégalités sociales ».

A la verticalité garantissant l’indifférenciation des situations et des personnes s’est substitué à l’Ecole comme ailleurs, la revendication d’une horizontalité qui permet le travail collectif et fait ainsi de chaque classe un peu plus qu’une juxtaposition d’un enseignement distribué individuellement à chaque élève et de chaque établissement un peu plus que la juxtaposition de classes qui s’ignorent (p120).

La seconde partie ouvre sur la réalité des situation vécue « dans l’arène » (p 135 à 254), Meirieu insiste sur la relation éducative qui est une transaction qui relève d’un métabolisme singulier dans lequel l’élève se construit[…] on peut nommer cette transaction pédagogie (p136). Après un rappel des grands pédagogues et le rôle du Groupe français d’éducation nouvelle (GFEN) s’inscrivant dans une politique forte : tous capables - de Henri Wallon, en passant par Piaget et Vygotsky et Bachelard…la pédagogie coopérative de Celestin Freinet- et qui ne néglige pas la part du maître, il enchaîne sur une critique des neurosciences « qui ne feront jamais la classe » et propose de faire de l’Ecole un espace de décélération (p 201) en relativisant la pression évaluative, en recentrant les apprentissages sur les concepts clés et les œuvres essentielles, en prenant le temps, en offrant à nos enfants des moments de silence (p 206) une gestion du temps plus sereine (p 207)..

Une formation initiale et continue des enseignants ; un chantier prioritaire (p279) un dégradation lente mais régulière au gré des Ministres qui pourtant l’affirment comme la mère de toutes les réformes. Nous restons dans la logique universitaires d’enseignements juxtaposés dictés par la préparation des épreuves du concours et par les opportunités des offertes dans les différentes universités de rattachement (INSPE). Un vrai curriculum de formation articulant des activités , des enseignements et un accompagnement personnalisé de manière cohérente est rare (p280.)

La formation tout au long de la vie, métiers de l’humain qui ne peuvent pas se réduire à des prescriptions plus ou moins technocratiques, elle doit s’ouvrir sur une multitudes d’expériences, qui vont de la reprise d’études universitaires à des stages dans d’autres milieux professionnels, qui articulent les dynamiques personnelles avec des les projets d’équipe et les perspectives institutionnelles. Qui mettent en réseau les compétences et multiplient les interactions qui font appel aux ressources des mouvements pédagogiques et d’Education populaire (p 282).

Referencias