Pôle Gare et liaisons douces Vélo : un projet de mobilité cohérent et évolutif aux Mureaux (Yvelines)

Nacima Baron, 2014

Trois raisons justifient de réaliser une enquête sur les opérations d’aménagement de la voirie en faveur des déplacements actifs et de l’intermodalité aux Mureaux. La première raison est liée aux multiples contraintes spatiales du territoire. La ville des Mureaux appartient à la grande zone agglomérée qui borde la Seine à l’ouest de Paris, en direction de la Normandie. Elle est composée de grandes zones d’activités et de quartiers d’habitation pavillonnaires et collectifs, disposées en corridor entre de grands réseaux routiers et autoroutiers : l’autoroute A13, la ligne ferroviaire, une route départementale à fort trafic (50 000 véhicules jour au niveau du centre-ville), l’axe même de la Seine constituent des lignes de force du tissu urbain et des coupures importantes. Le deuxième argument justifiant une analyse est le fait que cette commune vit une mutation majeure. Elle appartient au bassin industriel (longtemps tourné vers la production automobile) de la Basse Seine et a accueilli des programmes de logement social nombreux, pour loger des vagues d’ouvriers et d’employés venus des anciennes colonies françaises, d’Europe du sud ou d’ailleurs. Désormais, cette industrie vit une étape de restructuration et l’enjeu est de permettre aux habitants des Mureaux d’aller chercher l’emploi vers le pôle de la Défense, ou bien d’accueillir une population de première couronne (du nord des Hauts-de-Seine) qui travaille dans cette zone, mais qui en est chassée par les coûts fonciers et qui cherche un logement plus grand et une certaine qualité de vie. Aussi, les aménagements favorables aux mobilités actives menées par la Municipalité sont-ils en cohérence avec la stratégie d’attractivité de la commune à l’égard de nouvelles populations un peu plus aisées (et un peu plus contributives fiscalement). Enfin, le troisième point clé de cette analyse s’organise autour de l’intermodalité. La transformation de la ligne de chemin de fer de banlieue (le Transilien) en un RER cadencé, connu sous nom du projet Eole, intègre les Mureaux dans une nouvelle dynamique. La visite de la gare et l’étude du projet de transformation de ce dernier en un pôle d’échange plus efficace (parkings, gare routière, gare RER) a été organisée le 10 janvier 2013, sous la houlette d’Heathcliff Fessard et de Dominique Chauvière, agents municipaux.

1. Les aménagements destinés au Vélo

Dès 2001 la municipalité des Mureaux a engagé une politique en faveur des mobilités actives, à travers la réalisation d’un schéma directeur vélo (de 2002 à 2005), et la signature à la même époque d’une charte des circulations douces avec la région Île-de-France. Le travail de partenariat mené avec des collectivités (et des financeurs) se poursuit aujourd’hui. La mairie des Mureaux travaille avec le conseil général des Yvelines autour d’une liaison vélo sur les bords de la Seine, pour relier Paris à Rouen dans le cadre d’une véloroute, suite aux succès qui ont déjà marqué la réalisation de la Loire à Vélo ou la véloroute des berges du Danube. Ainsi, tous les échelons institutionnels (commune, département et région) sont mobilisés sur ce dossier, chacun à leur niveau de compétences. Cet intérêt pour les déplacements vélo accompagne une requalification générale du territoire de la Seine Aval, ancien espace industriel devenu espace d’opportunités économiques et de reconquête paysagère, y compris du point de vue de l’administration nationale (Opération d’intérêt national Seine Aval).

Sur le territoire des Mureaux, la mise en œuvre des aménagements cyclables s’effectue progressivement : 14 kilomètres d’itinéraires cyclables ont été réalisés en une dizaine d’années. De 2005 à 2008, la RD43, voie départementale plutôt chargée (30.000 véhicules jour) qui traverse la ville sur un axe Sud Nord a été équipée de pistes cyclables bidirectionnelles sur chaque bordure des voies. Peu à peu, le réseau s’est densifié et maillé à partir de cet axe, avec l’élaboration de profils différenciés et une signalisation adaptée selon les contextes ponctuels. Plusieurs bureaux d’études d’urbanisme et de paysage ont été associés aux étapes de conception et d’aménagement, afin que les pistes soient bien vues et comprises par les automobilistes, et que ces derniers ralentissent à leur abord et augmentent leur niveau de vigilance.

Les aménagements ont commencé à produire des résultats du point de vue des mobilités. On constate un retour des usagers vers le vélo, notamment les collégiens qui, dès onze ans, utilisent ce mode pour se rendre à l’école. Les parents sont rassurés par l’existence de ces itinéraires continus entre l’habitat et l’école. L’automobiliste visualise nettement la place du vélo sur la chaussée, celle-ci n’apparaît plus comme « uniquement réservée aux voitures ». De plus, la voie centrale de circulation réduite à quatre mètres induit une diminution de la vitesse des automobilistes. Sur les axes rue des Buissons, rues Lautrec, Poissy, Roch, Bougimonts, qui connaissent une circulation assez dense (3000 à 5500 véhicules/jour), on ne constate pas d’accident, ni accrochage même bénin, et pas d’utilisation illicite ni de confusion sur l’usage de la « bande vélos ».

Les objectifs futurs sont d’assurer un maillage complet de la commune mettant en réseau l’ensemble des quartiers et des « pôles générateurs de trafic » (écoles, collèges, supermarchés, centres sociaux, etc.) mais aussi détendre le réseau cyclable aux communes limitrophes et de finaliser la voie verte sur les berges de la Seine, pour assurer l’accès au Parc Naturel du Vexin Français et stimuler le cyclotourisme.

2. Le réaménagement du pôle Gare

La gare des Mureaux est déjà un pôle intermodal qui attire des habitants des communes limitrophes pour aller travailler à Paris ou en première couronne, et qui permet également à des Franciliens habitant l’ouest de Paris de rejoindre plusieurs grandes zones d’activité. Le bâtiment voyageur, construit en 1969, a fait l’objet d’une rénovation en 2004. Il est très proche de la gare routière à partir de laquelle s’organise une offre d’une douzaine de lignes de bus et de cars. Un pavillon d’information, des panneaux d’information, des parkings voiture, vélo et taxis sont également disponibles à proximité.

Le projet de réaménagement de la gare ferroviaire et de la gare routière en un pôle d’échange multimodal plus intégré a été amplement discuté de 2010 à 2012, avec l’organisation d’un débat public qui a fait l’objet d’une séance ayant rassemblé plusieurs dizaines de participants aux Mureaux en juin 2011. Le Syndicat des transports d’Ile-de-France a présenté ce jour-là un dossier volumineux, soulignant les opportunités de la position des Mureaux dans le réseau régional et expliquant que l’enjeu est de passer d’une gare intercommunale à une gare d’importance régionale dans les quinze années à venir. Le STIF a également approuvé la vision de la commune des Mureaux, pour qui ce projet est l’occasion de rénover profondément le centre-ville et d’affirmer Les Mureaux comme ville leader dans le domaine des nouvelles mobilités : aménagement du quartier de gare et des espaces publics, valorisation des accès vers la gare par les cheminements pédestres et cyclables…

Faire advenir ce pôle nécessite que les travaux de modernisation de la ligne ferroviaire se mettent en place, que la gare soit réaménagée, et notamment dotée de nouvelles ouvertures. Concrètement, le projet Eole est tel que le quai 1 sera rallongé d’environ 30 m côté Paris pour atteindre une longueur de 225 m, le quai 2 sera rallongé d’environ 15 m côté Le Havre et la signalisation ferroviaire sera modernisée. Le souterrain de service et le monte-charge, peu adaptés même pour des personnes en fauteuil roulant, seront supprimés, mais en revanche, la mise en accessibilité de la gare sera réalisée en aménageant le passage souterrain principal existant (rampes et paliers de repos,
 installation de deux nouveaux ascenseurs, modification des escaliers fixes). Suite au rehaussement des quais, les abris filants seront remplacés, l’accès aux quais sera clos. Le bâtiment voyageur sera restructuré pour réorienter le parvis et fluidifier l’accès à la gare routière nord. Les espaces intérieurs seront réorganisés afin de les mettre en accessibilité, la ligne de contrôle d’accès sera élargie pour l’adapter à la fréquentation attendue. Côté sud, l’accès sera restructuré pour offrir une véritable entrée à la gare depuis la rue et le parc de stationnement régional.

La municipalité peut aussi agir pour favoriser l’accès à la gare par des moyens actifs en continuant à limiter le stationnement motorisé de surface en centre-ville, en poursuivant la diversification des moyens d’accéder à cette gare (rabattement piétons, cheminement vélos, lignes de bus, covoiturage). Avec la mise en place d’une communauté d’agglomération, la gare des Mureaux accède à un niveau de nodalité telle qu’il faut retravailler la question des parkings-relais en périphérie de la gare. Enfin, des travaux sur les besoins en commerces dans le centre-ville et sur les moyens de valoriser l’activité économique sont aussi menés, à partir d’une « étude urbaine en vue de la valorisation du centre ville » qui a été finalisée en juin 2011.

Les travaux réalisés dans et autour de la gare font globalement basculer les Mureaux de la petite gare de banlieue à un pôle intermodal complexe, a priori plus efficace pour gérer des flux plus nombreux, dans un environnement plus agréable. L’effort mené par la Municipalité dès avant le programme de modernisation de la ligne Eole à travers les pistes cyclables et les cheminements piéton de qualité donne à cette commune les moyens de conforter sa place comme pôle urbain majeur au nord-ouest de l’agglomération parisienne, entre Paris et Rouen, et comme plaque tournante des mobilités domicile-travail, mais aussi des mobilités de loisirs, le long d’un axe fluvial reconquis et valorisé.

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