Lisbonne : 10 ans pour construire une qualité environnementale

Godinho RUI, 1999

Cette fiche présente les actions menées par la ville de Lisbonne, dans le cadre de l’élaboration de son Agenda 21 local, pour permettre un développement urbain durable.

En 1990, Lisbonne comptait près de 660 000 habitants pour une surface de 83,8 km2. La ville se trouvait aux prises avec un chaos urbanistique : dégradation environnementale de l’espace public et du cadre bâti, problèmes de trafic routier, un retard de trois décennies pour la construction d’infrastructures…

De ce fait, c’est une vision stratégique de développement qui s’affirme, depuis 1990, dans la Ville, partant d’un diagnostic interdisciplinaire des dégradations et d’une recherche intégrée sur les méthodes à appliquer pour résoudre les problèmes.

Au cours de cette dernière décennie, les aspects privilégiés par la Municipalité de Lisbonne ont été l’identification d’objectifs environnementaux, l’application d’indicateurs précis, le développement de formes de participation et d’engagement des populations. Il s’agissait en même temps de développer des liens entre la planification stratégique et le processus de construction d’un Agenda 21 Local.

Le système de planification a intégré trois niveaux complémentaires : le Plan stratégique de Lisbonne (1990/1992) ; le Plan directeur municipal (1990/1994) ; les Plans et Projets prioritaires. Avec l’introduction des principes de l’Agenda local 21 dans la Charte de l’Environnement du Plan stratégique de Lisbonne, approuvée en 1992, des actions concrètes ont été prévues, en vue de protéger et de valoriser l’environnement, d’améliorer la qualité de vie des citoyens et d’accroître l’exercice de la démocratie, ceci afin d’en arriver au développement durable et à la responsabilité partagée.

La 2e Conférence des villes et communes durables, réalisée à Lisbonne, permit d’échanger des expériences sur les processus de l’Agenda 21 dans 35 pays. Cette conférence a marqué un jalon important dans la clarification des politiques visant à développer une stratégie de développement durable.

Les résultats de la conférence de Lisbonne apparaissent dans le document final intitulé : « Le plan d’action de Lisbonne : de la charte à l’action ». Soulignons, dans cette approche, la proposition d’utilisation des « outils avancés » pour développer cette approche et la construction d’un « budget environnemental », au niveau local.

Le « PIQUA » prône une méthodologie d’exécution qui comprend un diagnostic de l’environnement urbain et la mise en place d’un Système d’Indicateurs qui se divise en trois grands groupes : les indicateurs environnementaux (physiques), les indicateurs urbanistiques et les indicateurs sociaux. L’objectif est de garantir le contrôle et l’évaluation des actions de la municipalité en matière de durabilité et de disposer d’un outil de Contrôle environnemental qui donne de la transparence à l’activité politique et aux responsabilités partagés des agents urbains.

Ces pratiques ont été adoptées par la Direction de l’environnement, donnant ainsi naissance au processus de l’Agenda local 21 et à un système d’indicateurs devant atteindre progressivement les indicateurs communs européens approuvés lors la 3e Conférence de Hanovre « Towards a Local Sustainability Profile - European Common Indicators ».

Le Plan intégré de Qualité environnementale/Agenda local 21 de Lisbonne, en phase d’élaboration, inclut un modèle urbanistique différencié dans 4 zones : la zone centrale de Lisbonne ; la charnière urbaine ; la couronne de transition et l’arc riverain. Ces zones, unités territoriales plus ou moins homogènes sur le plan des problématiques et des potentialités spécifiques, donnent le jour à 4 Plans d’Action locale diversifiés.

Le Plan intégré de Qualité environnementale/Agenda local 21 de Lisbonne, du Département chargé de l’Environnement, est sur le point de conclure différents projets d’action :

Consolidation des Espaces verts de la Ville - Le Plan d’Aménagement et de Revitalisation du Parc forestier de Monsanto (le poumon vert de la ville) est encore en phase d’exécution, des parcs urbains et des zones de loisir, sportives et d’éducation environnementale, notamment le Parc écologique, ont été construits ou récupérés. L’aménagement du Parc oriental est presque conclu : certains de ses centres urbains voient agrandir leur surface de 50 pour cent. Le Programme de Récupération de Jardins historiques, la maintenance et la mise en valeur des espaces verts entourant les espaces publics, les zones résidentielles et les voies publiques sont également en cours. Le Plan de Boisement de Lisbonne est en phase d’exécution et concerne la qualification des voies publiques.

Réduction de la pollution atmosphérique et sonore - Différentes mesures ont été mises en œuvre, sur le plan des accès et des transports, afin de réduire la circulation routière à l’intérieur de la ville - principale source de pollution atmosphérique et sonore. La Charte des Nuisances sonores, ainsi que la Campagne « Sensibilisation et Prévention contre les Nuisances sonores de Lisbonne » sont également en phase de mise en place.

Dépollution et Valorisation de l’Estuaire du Tage - Les deux principaux systèmes d’interception des égouts ont déjà été terminés. Deux intercepteurs supplémentaires sont en construction et deux stations d’épuration des eaux usées sont en train d’être agrandies. Jusqu’à la fin de l’an 2000 tous les intercepteurs d’égout seront prêts dans la zone riveraine et relieront les 3 stations d’épuration des eaux usées. Ces équipements, disposant de technologies de traitement avancées, permettront de réutiliser une partie des effluents traités dans l’irrigation des espaces publics et des jardins, le nettoyage des rues, l’aquaculture et le système de lutte contre les incendies, dans une logique de gestion de la « ressource eau », pilier d’un véritable développement durable.

Amélioration du système de collecte et de traitement des déchets solides - Dans le cadre de la promotion de la politique des 3 R - Réduire, Réutiliser et Recycler, différents systèmes de collecte sélective, adaptés aux caractéristiques urbaines et sociales de Lisbonne, ont été successivement introduits et évalués. Des premiers conteneurs pour le verre, installés en avril 1987, l’on est passé à la collecte porte-à-porte de vieux papiers dans certaines zones tertiaires de la ville, les zones résidentielles pilotes, les Services de la Mairie de Lisbonne et les établissements scolaires (janvier 1993), à l’ouverture de 29 Centres de Collecte de vieux papiers (avril 1993), puis à l’installation de 1000 Points verts de surface et souterrains (début octobre 1997 et fin premier semestre de l’an 2000). En décembre 1999, les premiers conteneurs pour bouchons (10 unités) ont été mis en place à proximité des unités de restauration, afin de réutiliser le liège, matériau recyclable à 100 pour cent.

Le développement du système fut précédé d’un dialogue avec les collectivités locales, afin d’adapter l’emplacement des équipements aux habitudes de vie des communautés. Le même principe a été à la base du changement du système de décharge des ordures dans les Quartiers historiques, les conteneurs ayant été remplacés par des sacs-poubelles en plastique.

Une société de capitaux anonymes a été fondée pour desservir certaines municipalités situées au nord du Tage - Lisbonne, Loures, Amadora et Vila Franca de Xira - VALORSUL, S.A., chargée de planifier, de construire et de gérer un système de valorisation des différents matériaux qui composent les déchets solides urbains jusqu’à 2020 : tri, collecte sélective et valorisation organique, valorisation énergétique par incinération, requalification du paysage et valorisation du biogaz de décharges contrôlées, préalablement scellées, avec récupération du biogaz et production d’énergie par le biais du processus de co-génération.

Sources

A Estratégia e a Pràtica do Planeamento Uurbanistico, 1990-1995, Publication municipale de Planification stratégique DMPEL. Mairie de Lisbonne

To go further

Le Prix international de Gestion environnementale a été décerné à Lisbonne, en l’an 2000, par le Gouvernement du Japon, dans le cadre du concours « Nations in Bloom » auquel ont participé 370 villes du monde entier. C’est également avec la thématique « Lisbonne : Travailler pour un Environnement urbain durable » que Lisbonne fut reconnue sur le plan international, notamment lors de l’Expo 2000 à Hanovre. Les projets « Parc écologique de Monsanto », « Déchets et Citoyenneté dans les quartiers historiques » ont été exposés dans le Pavillon de la Maison Globale. Il a été l’un des 18 projets choisis parmi les 126 projets mondiaux de gestion environnementale ayant reçu un prix, sur un total de 847 projets sélectionnés à partir de 4000 candidatures.