Insertion et développement local : l’expérience de l’association Praticiens de l’Action et de la Réflexion pour l’Insertion, PARI

Sonia BEN MESSAOUD, 1999

L’association Praticiens de l’Action et de la Réflexion pour l’Insertion-PARI se veut un outil d’insertion mais également un groupe de réflexion en faveur du développement durable des villes.

L’association PARI

L’association PARI est née à la suite d’une recherche-action menée par Martine Théveniaut-Muller (Centre ESTA) de 1990 à 1994 dans l’Aude. Commandée par le Ministère de la Recherche, elle était centrée sur l’échange d’expériences entre acteurs intervenant dans le domaine de l’insertion par la création d’activités. Cette étude a entraîné une prise de conscience collective d’appartenance à un territoire et à des objectifs communs, au terme de laquelle, en 1994, les acteurs décident de se constituer dans le réseau PARI. Les associations et entreprises qui le composent travaillent dans différents domaines d’activité : services aux personnes ; aux collectivités territoriales (aménagement et entretien de l’espace rural ; récupération et tri des recyclables secs ; mise en œuvre des politiques de la ville et de l’habitat); installation d’actifs en milieu rural dévitalisé…

Ses objectifs

L’association PARI a pour but « d’améliorer les résultats obtenus par les associations ou par les entreprises des membres qui la composent en matière d’insertion-et-création d’activités, par l’échange d’idées, les transferts internes ; la conduite d’expérimentations ; les études et recherches », en vue de proposer « des perspectives générales, de la méthodologie, de la formation et des dispositions concrètes ». Forte de son indépendance financière, du fait de la participation de ses membres actifs, son ambition est de se constituer en tant que force de proposition dans le débat démocratique.

Une force de proposition dans le débat démocratique

En 1996, l’association PARI organise à Carcassonne un débat sur le projet de loi-cadre contre l’exclusion avec le soutien de la Fondation Charles Léopold Mayer pour le Progrès de l’Homme. Des élus, des acteurs associatifs, des personnes concernées par le projet de loi, sont réunis autour de la question « Insérer dans quoi ? » Ce débat est renforcé en 1998, dans le nouveau contexte de la prise de parole des chômeurs. Ses propositions sont portées auprès des parlementaires, de la préfecture de l’Aude, ou du Sénat, comme cela a été le cas pour le projet de loi-cadre contre l’exclusion. En 1997, l’association participe également au débat intitulé « Territoires d’avenir », organisé par l’Union Nationale des Acteurs et des structures du Développement Local (UNADEL), en proposant d’ouvrir un chantier supplémentaire consacré aux " quartiers " dans les onze territoires inter-communaux ruraux de l’Aude. Dans sa démarche de mise en débat d’acteurs privés et publics, l’association PARI veut être un lieu de parole et de réflexion sur des sujets comme le rôle du jeu des acteurs, la question de l’insertion et du territoire.

L’importance du jeu des acteurs locaux dans les décisions publiques

Les collectifs d’acteurs de terrain, grâce à leurs connaissances acquises des réalités particulières, leur contact des personnes, leur capacité d’innovation, participent à la fabrication du lien social. Or, ils ne sont pas associés dans le débat national sur l’exclusion. La consultation se limite à l’échelon des fédérations nationales. Leur revendication est « d’accorder une place décisionnaire aux praticiens à côté des collectivités territoriales et des services de l’Etat dans les départements ». L’élaboration de nouvelles politiques publiques doit intégrer la parole des acteurs locaux, parmi lesquels, les « exclus », qu’il faut reconnaître comme des acteurs économiques et sociaux.

« L’insertion et le territoire : territorialisation(s)des politiques ou développement territorial ? »

L’association PARI pose la question de l’adéquation entre le projet et le territoire. Deux structures membres arrivent à inscrire leurs actions dans le territoire. L’entreprise d’insertion ARF (Aménagements Ruraux et Forestiers), qui s’inscrit dans le district de Mouhoutmet, un territoire de vie et de projet ; et l’association l’Atelier du Trenël, qui inscrit son action dans le cadre de la politique de la ville de Carcassonne. Mais qu’en est-il pour les dimensions de l’activité des entrepreneurs sociaux qui débordent ces petits territoires ? Le marché de l’environnement de l’ARF par exemple a besoin de se développer aux alentours. Pour de nombreux projets les territoires d’action ne concordent pas avec les territoires administratifs. L’association PARI milite pour une meilleure articulation entre les politiques publiques. Comment aborder les relations rural/urbain ? Là aussi, le problème se pose pour l’adéquation des politiques urbaines et rurales sur un même espace géographique.

La mise en réseau d’acteurs locaux est significative pour le développement et l’insertion. Isolées au départ, les structures se sont renforcées dans leur domaine d’activité et se sont constituées comme une force de proposition dans le débat démocratique local et national. Leurs réflexions abordent la question de l’exclusion d’une façon globale. Les politiques publiques en matière d’insertion et en matière d’aménagement du territoire doivent s’articuler. Les échelles de territoire, telles que définies jusqu’à aujourd’hui, posent le problème de l’adéquation entre les territoires et les projets. La question de la démocratie participative n’est pas réellement appliquée. Les membres de l’association PARI refusent « de devenir les gestionnaires de la pauvreté pour le compte des pouvoirs publics ». Ils veulent être reconnus comme des partenaires à part entière dans le développement territorial.

Sources

  • PARI=Praticiens de l’Action et de la Réflexion pour l’Insertion, Territoires d’avenir, 1997/06 (France)