Un syndicat intercommunal à vocation unique pour « administrer la mort » funéraire de la région parisienne

Katia Buoro, Xavier Desjardins, 2012

La loi du 29 décembre 1904 instaure un monopole communal des services des Pompes funèbres, après plusieurs lois successives qui participent à la sécularisation progressive du service funéraire, depuis les débuts de la Troisième République. Cette loi a entraîné de nombreux conflits avec les institutions religieuses, mais elle favorise également le développement de l’intervention des communes, parfois sous une forme intercommunale.

Plusieurs communes de l’ancien département de la Seine s’allient ainsi autour de cet enjeu, sous l’influence d’édiles impliqués dans le mouvement de réforme au niveau municipal. Le 22 décembre 1905, 31 communes de la banlieue parisienne, comprenant des maires de sensibilités différentes mais tous républicains, créent le SIFUREP (Syndicat Intercommunal Funéraire de la Région Parisienne), initialement pour une durée de 20 ans. C’est le second SIVU (Syndicat Intercommunal à Vocation Unique) créé dans la banlieue parisienne, après celui constitué pour la distribution du gaz en 1903.

Emmanuel Bellanger avance plusieurs éléments pour expliquer la création de ce syndicat : l’importance du problème de la gestion des morts, et notamment des indigents, auquel sont confrontées ces communes en rapide croissance démographique, la volonté des maires de lutter contre le monopole commercial de l’entreprise dominante du secteur (les Pompes Funèbres Générales) et de ne pas exposer les familles des défunts ou les communes à des prestations coûteuses ; enfin, le souhait pour ces communes de banlieue de conduire leur propre politique funéraire sans subir l’influence de la puissance régie municipale de la capitale qui développe des cimetières en dehors de ses murs.

Ce syndicat va progressivement étendre son emprise, en rassurant les maires par un mode de gouvernement consensuel qui prévaut encore aujourd’hui. Il devient ainsi un lieu d’apprentissage précoce des élus socialistes puis communistes à des logiques « gestionnaires » et à des compromis partisans.

Sources

  • Bellanger, Emmanuel, La mort, une affaire publique. Histoire du syndicat intercommunal funéraire de la région parisienne, Paris, Les Editions de l’atelier, 2008.