De la ville adaptée à l’automobile à la ville pour tous

Frédéric HERAN, 2005

Conseil National des Transports (CNT)

Cette fiche a été sélectionnée et revue par Régis RIOUFOL, contributeur de la démarche « Une Voirie pour Tous » du CNT, coordonnée par Jean-Charles POUTCHY-TIXIER et Hubert PEIGNE.

Cette fiche est un résumé de la présentation « De la ville adaptée à l’automobile à la ville pour tous, l’exemple parisien », par Frédéric HERAN, économiste-chercheur à l’IFRESI-CNRS, lors du colloque international « Architectures du transport : territoires en mutation organisée » par l’IPRAUS et la DRAST, en mai 2004.

Les politiques actuelles de modération de la circulation et de partage plus équilibré de la voirie entre tous les modes de déplacement génèrent un foisonnement d’aménagements qui rendraient finalement la ville moins passante, l’enlaidiraient et ne servirait que les intérêts patrimoniaux des habitants déjà installés dans la ville-centre.

Ces critiques tombent largement, si on accepte de remettre en perspective les transformations de la voirie. De nombreux aménagements viaires, qui paraissent aujourd’hui immuables, résultent en fait d’une adaptation séculaire considérable de la ville à l’automobile. Tel est le cas des rues à sens unique, des carrefours à feux, de nombreuses chaussées surdimensionnées pour la circulation existante, et de divers dispositifs instaurant la ségrégation des trafics. Ce sont ces aménagements qui ont rendu la ville moins perméable et plus dangereuse pour les usagers non motorisés, l’ont enlaidie et soumise aux nuisances du trafic automobile, au point d’en réduire l’attractivité et la valeur patrimoniale.

La modération de la circulation réclame d’autres aménagements, dont il faut bien comprendre la cohérence : rues à double sens, mini-giratoires, gestion stricte des espaces de circulation automobile en fonction du trafic aux heures creuses de jour, et mixité des modes de déplacement dans des zones 30 qui couvrent la ville.

La ville devient passante pour tous : la diminution des largeurs de chaussée autorise la reconquête des espaces publics et la réduction des nuisances et notamment de l’insécurité routière débouche sur une nouvelle urbanité.

Accepter un détour par des considérations historiques et fonctionnalistes sur la circulation des divers modes et les dangers auxquels ils sont confrontés, permet en fin de compte de mieux argumenter face aux ingénieurs trafic qui en près d’un siècle ont façonné la ville au seul profit des automobilistes, afin de redonner désormais à la rue toute sa dimension urbaine au service de tous les usagers et d’abord des piétons.

Sources

Ce texte est extrait d’Une Voirie pour Tous – Sécurité et cohabitation sur la voie publique au-delà des conflits d’usage – Tome 2 : Exemples et Annexes au rapport du groupe de réflexion, Conseil National des Transports (CNT), 2005, publié par le CNT et La Documentation Française en juin 2005.

Une voirie pour tous - Tome 2- pages 61-62

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