Concepts innovants dans les transports en commun : Los Angeles

Le concept de « Metro Rapid Transit »

2005

Conseil National des Transports (CNT)

Cette fiche a été sélectionnée et revue par Régis Rioufol, contributeur de la démarche « Une Voirie pour Tous » du CNT, coordonnée par Jean-Charles POUTCHY-TIXIER et Hubert PEIGNE.

Elle présente un résumé des extraits de « Los Angeles 2000 : développer, innover », issu de l’ouvrage de Georges AMAR1, de mars 2004, et du chapitre « Californie 2002, y a-t-il une ville après l’automobile ? »

Le 24 juin 2000 est inaugurée et mise en service, sur Wilshire Boulevard - les « Champs Elysées » de Los Angeles, longue de 26 miles - la première ligne de Metro Rapid (une ligne de bus). Celle-ci enregistre, en quelques mois d’exploitation, une augmentation de trafic de 40 % par rapport aux lignes de bus qui desservaient jusque-là ce même itinéraire.

Le cas de cette ligne n’est pas unique. On en trouve, en service ou en projet, plusieurs autres (à Los Angeles même et ailleurs, en Californie, aux États-Unis, au Canada, en Amérique du Sud…). Il est particulièrement illustratif des évolutions actuelles des concepts modaux utilisant le « véhicule autobus » comme des mouvements et des transferts d’idées (avec leurs transformations, réadaptations, ré-interprétations, jeux d’image) à l’échelle internationale. La Federal Transit Administration elle-même s’est référée au concept RT ("Rapid Transit") pour lancer, il y a quelques années, la Bus Rapid Transit (BRT) Initiative, l’acronyme BRT ayant lui-même été choisi pour faire écho à ceux du HRT (Heavy Rail Transit) et LRT (Light Rail Transit).

Par ailleurs, outre la visée générale d’un « urbanisme par le transport », l’innovation de Curitiba, qui a fait couler beaucoup d’encre, consiste à traiter le bus comme un métro. Ce qui, sur le plan des formes et des objets, s’est traduit par la désormais emblématique « Station Tube ».

Les 12 attributs-clés de Curitiba (relevés par MTA) sont les suivants :

  1. Itinéraire simple et lisible

  2. Fréquence élevée (3 à 10 minutes à Los Angeles)

  3. Fonctionnement « à l’intervalle » (et non à l’horaire)

  4. Inter-arrêts allongés (0,8 mile à Los Angeles)

  5. Bus à plancher bas (au niveau du trottoir)

  6. Code couleur très lisible pour les bus et leurs stations

  7. Couloirs réservés

  8. Bus articulés grande capacité

  9. Montée et descente par plusieurs portes

  10. Paiement (et validation) hors véhicule (en station)

  11. Réseau de rabattement

  12. Coordination étroite avec la planification urbaine.

    Les six premiers - les moins difficiles - ont donc été retenus dans le cadre du projet de Los Angeles (les suivants sont mentionnés pour une phase ultérieure du projet). Deux autres attributs leur sont rajoutés :

  13. Système de priorité aux feux (par boucle magnétique dans la chaussée)

  14. Affichage électronique du temps d’attente du prochain bus à la station.

Un important travail de design est réalisé, notamment sur les arrêts qui gagnent en élégance, en qualité et surtout en visibilité. Tout est fait pour que ce bus « ressemble » à un système ferré : C’est d’ailleurs un objectif explicitement exprimé, jusqu’à le baptiser « Metro Rapid ». Ce qui crée quelques confusions avec le métro dénommé quant à lui « Metro Rail ».

Une réduction moyenne de 25 % des temps de parcours est obtenue grâce à la priorité aux feux et à l’allongement des inter-arrêts et surtout, en moins de six mois d’expérimentation, un accroissement de trafic de 40%, dont un tiers de clients nouveaux pour les transports collectifs, un tiers de déplacements supplémentaires d’anciens clients de la ligne, et un tiers de transferts d’autres lignes.

Quatre autres points positifs sont relevés :

Le Metro Rapid est donc une « success story » qui, de leur aveu même, a surpris ses promoteurs les plus convaincus. C’est surtout, à travers ce succès, une ouverture conceptuelle importante dans le champ du transport public urbain : Il est possible d’obtenir des performances élevées (vitesse, qualité, trafic) avec des moyens et dans des délais relativement modestes, sans commune mesure avec ceux des modes ferrés, seuls crédités, jusque-là de telles performances. Mais la plus significative des évolutions est que ce système s’accompagne également de parkings, points de rendez-vous de ridesharing, location de voiture, garage à vélo, etc.

1 « Mobilités urbaines. Éloge de la diversité et devoir d’invention », éditions de l’Aube.

Sources

Ce texte est extrait d’Une Voirie pour Tous – Sécurité et cohabitation sur la voie publique au-delà des conflits d’usage – Tome 2 : Exemples et Annexes au rapport du groupe de réflexion, Conseil National des Transports (CNT), 2005, publié par le CNT et La Documentation Française en juin 2005.

Une voirie pour tous - Tome 2- pages 170-171