Les conditions d’une concertation réussie

De l’importance de la négociation

Paul DALMAS ALFONSI, 2006

Cette fiche pose davantage de questions qu’elle n’apporte de réponse mais peut permettre aux professionnels un appui méthodologique pour aborder les différents processus de concertation auxquels ils peuvent être confrontés.

De quoi les partenaires peuvent-ils décider ensemble? A quelles conditions et jusqu’où? Quelle maîtrise des processus de décision? Quels palliatifs aux remises en cause des engagements pris?

Sinon des réponses, des pistes de réflexion sont issues de l’expérience :

Représentation/représentativité: une problématique malaisée pour les institutions comme pour les groupes de résidents

Ce sont là autant d’interrogations qui, sur le terrain, ne trouvent pas aisément de réponses.

Or, deux hypothèses sont ici à lever : celle qui vise à n’entretenir le dialogue avec les associations que si elles sont représentatives en nombre d’adhérents; celle qui constitue à ne parler qu’aux associations de locataires et non aux groupes de résidents. Pour la réussite d’une réhabilitation, c’est justement avec ceux-là mêmes (peu ou mal organisés) qu’on estime peu aptes au débat qu’il convient d’enclencher une dynamique d’échange.

En contrepoint des négociations collectives, la responsabilité du maître d’ouvrage est aussi engagée dans une écoute des paroles plus particulières.

Lorsque les partenaires se sont « reconnus » comme interlocuteurs, le travail en commun peut débuter. Il comporte une dimension stratégique de taille: faire en sorte qu’aucune des parties en présence ne soit perdante dans l’échange qui s’établit.

Se voient posées ici les questions de la compétence de l’usager et de son exercice. Qu’en est-il de leur articulation concrète avec le savoir technique?

Deux éléments fondamentaux sont à rappeler, propres à alimenter la réflexion :

Pour permettre aux usagers d’exercer leur compétence, des moyens sont à mettre à leur disposition afin d’assurer l’équilibre et la complémentarité de la négociation de l’acte de partenariat : des moyens financiers affectés aux associations pour le fonctionnement, la formation, le recours à des conseils extérieurs. Une telle formule, pour certains, n’est pas sans risques, dont celui de voir les associations s’institutionnaliser et rompre ainsi leurs liens avec les habitants.

Au besoin d’une certaine technicité de la part des représentants des résidents est associé le problème du langage à adopter entre partenaires. Le langage des techniciens doit pouvoir être retransmis aux habitants « non représentants » qui se trouvent démunis devant des choix à faire. Cela suppose, en contrepartie, l’adaptation des techniciens au public auquel ils s’adressent.

Le repérage des compétences parmi les habitants, qui se caractérisent par de multiples savoir-faire non utilisés, revêt également une grande importance. La capacité à repérer et faire émerger ces potentialités mérite d’être développée.

On pourrait ajouter que, quand on en est à s’interroger sur les limites de la décision, c’est que déjà l’acceptation est faite de la partager, que l’acceptation d’abandon de pouvoir dans une certaine mesure est amorcée. Si ce chemin est déjà parcouru… L’on sent bien qu’au delà de l’affichage nécessaire des processus de décision (la transparence), c’est bien leur maîtrise qui fait problème. Force est de constater que bien des questions restent en suspens, dont l’exemple d’une seule suffit à montrer la complexité : les habitants peuvent-ils, et jusqu’où, participer à la décision en matière de politique de peuplement des quartiers ?

Sources

COUDRY Béatrice, direction régionale de l’équipement Provence Alpes Côte d’Azur (DRE PACA); atelier régional rencontre réhabilitation PACA