La Maison de famille Magdala à Faches-Thumesnil

Des maisons relais pour faciliter l’insertion

Pascale Thys, 2009

L’objectif d’une Maison Relais est « d’accueillir de façon durable des personnes à faibles ressources, dans une situation d’exclusion lourde, empêchées pour des raisons sociales ou psychologiques d’accéder à un logement ordinaire. »

Ici se retrouvent des personnes venant de la rue ou de foyers d’accueil et qui ne se retrouvent pas dans les structures existantes1.

Origine du projet

La Maison de Famille est l’une des activités de la communauté Magdala. Cette association loi 1901, d’obédience catholique, s’occupe aussi d’un accueil de jour et fait de l’accompagnement de personnes démunies.

Au départ, en 1986, il s’agissait de familles du ¼ monde (familles mal logées, squatteurs…), qui se retrouvaient à ATD ¼ Monde à Lille et qui souhaitaient parler de leur foi. Par après, ce groupe est devenu autonome car ATD est a-confessionnel.

En 1997 l’association répond à un appel à projet proposant la mise en œuvre d’une formule alternative de logement adapté aux personnes vivant des problèmes économiques, sociaux, d’exclusion. En 1998 le projet est sélectionné2.

De 1998 à 2000 le projet a été hébergé dans une ancienne communauté baptiste. Par la suite, un autre bâtiment a été recherché. 59 maisons ont été visitées, mais beaucoup de maires ne voulaient pas accueillir de « pauvres » sur leur territoire.

Plusieurs conditions étaient à remplir : habiter dans un cadre vert, loin des cafés, près de transports en commun, à moins de 30 minutes de Lille, dans un quartier non considéré comme en difficulté.

Une maison a été trouvée et achetée par le Centre d’Amélioration du Logement PACT de Lille. Ce dernier la loue à la Communauté pour 2.980€/mois3.

Descriptif de l’habitat

Il s’agit d’une grande maison, comprenant 14 chambres de 12m², des espaces communs et un jardin (avec une volière et un petit potager).

Les toilettes et salles de bain (1 pour 4 personnes) sont adaptés aux personnes handicapées. Les espaces communs se composent d’une pièce de séjour, d’une cuisine, d’une salle oratoire pour la prière, d’une pièce spéciale pour fumeur, d’une laverie, d’un garage qui sert de débarras, d’une pièce pour le téléphone, d’une grande salle pour les activités, d’un coin télévision.

Montage financier et partenarial

La maison est considéré comme une résidence sociale, ce qui permet de recevoir une aide de la caisse des allocations familiales. La Maison est louée mensuellement pour un loyer d’environ 3000 euros. Le montage financier est le suivant : les moyens des résidents couvrent les charges réelles (nourriture, eau, gaz, assurances), la DASS finance les 2 salariés temps plein extérieurs qui réalisent le suivi social, 1/3 du budget est assuré par des dons4.

Chaque résident verse une participation de 274€/mois (dont une grande partie est prise en charge par la caisse des allocations familiales via l’Aide Personnelle au Logement). André, par exemple, a un loyer net de 27,90€/mois. Une participation pour le chauffage, le nettoyage et l’assurance de 194€ est aussi demandée. Le loyer est proportionnel aux ressources des résidents. Le loyer est, au total, de 222€ pour une personne qui a le Revenu Minimum d’Insertion (RMI).

Sans les dons effectués par des « amis » cette maison ne pourrait pas survivre financièrement.

Au niveau institutionnel, la maison de famille Magdala est une Maison Relais (ex pension de familles), régie en association qui fait l’objet de circulaires explicitant les caractéristiques de cette structure « forme d’habitat adapté qui concourt à (ré)insérer socialement des personnes en difficulté et isolées en leur proposant un environnement sécurisant et porteur d’intégration ».

Mais, avant tout, pour André « on est ici comme chez soi, c’est comme si on était en famille ».

Type de public

L’objectif d’une Maison Relais est d’« accueillir de façon durable des personnes à faibles ressources, dans une situation d’exclusion lourde, empêchées pour des raisons sociales ou psychologiques d’accéder à un logement ordinaire »5.

Il s’agit ici de personnes venant de Foyer ou de sans abri qui souhaitent quitter la rue et qui ne se retrouvent pas dans des structures déjà existantes. André y est venu pour « changer sa vie ». Il y a beaucoup de demandes, selon la responsable de la maison, il faudrait une quinzaine de maisons comme celle-là sur Lille.

Un des constats de cette expérience est que la co-habitation entre un couple avec enfants et des personnes isolées apporte une certaine souffrance aux personnes seules.

Conditions d’accès - motivation

La personne qui veut accéder à ce type de logement passe d’abrod par l’Accueil de jour tenu par l’association Magdala. C’est l’équipe des permanents qui décide si oui ou non elle pourra venir habiter dans la maison de famille. Les nouveaux ne doivent pas obtenir l’accord des autres résidents.

Il existe un règlement, signé par chaque résident, qui donne les lignes de conduites de la vie dans la maison. Comme, par exemple : il faut avoir des papiers, ou pouvoir en obtenir dans le mois de l’entrée (40% des personnes arrivent sans papiers) ; il est interdit de consommer de l’alcool (André : « j’ai appris à ne plus boire »), de la drogue, d’être violent.

D’autre part la personne qui souffre de problèmes tels que ne pas pouvoir se laver seule, nécessite un suivi trop « médicalisé », n’est pas admise.

Mode de fonctionnement interne

Les règles de fonctionnement sont aussi reprises, en grande partie, dans le règlement intérieur.

Tous les repas sont pris en commun, excepté le week end ou lors des jours de sortie. Les repas sont préparés par un permanent et un résident.

Une liste des tâches (repas, poubelles, aquarium, arrosage des fleurs, vaisselle, ménage), avec les noms des responsables, est affichée dans la cuisine. Ces tâches sont déterminées lors de la réunion hebdomadaire où tous sont présents.

Les résidents peuvent sortir quand ils le souhaitent, mais ils doivent avertir s’ils ne mangent pas.

Sans y être invité, on ne peut se rendre dans une chambre.

Les membres des familles peuvent être invités.

Chaque résident a le médecin qu’il souhaite.

Il n’y a pas d’animaux, excepté des poissons et quelques tourterelles dans la volière.

Peu de décisions passent par le Conseil d’Administration de l’asbl, excepté pour certaines choses comme les aménagements et les engagements de personnel.

De nombreuses activités et sorties sont organisées, comme, par exemple l’atelier poterie (certaines sont vendues lors du marché de Noël ; weekend à la mer ; sorties au théâtre ; 5 jours de vacances tous ensemble ; …)6

« La vie de famille est un moteur, elle permet l’épanouissement »

Notion de solidarité et de cogestion

La solidarité se développe via la cogestion de la maison, avec des espaces de codécision.

Les montants affectés aux repas sont décidés en Comité d’Administration ; la régulation se fait à l’intérieur de la communauté avec ou sans les permanents.

La solidarité est également inscrite dans le projet de vie de Magdala : apprendre à témoigner de son vécu pour aider les autres, accepter de prendre la parole dans des écoles, des églises, des centres anti-alcooliques, etc.

L’accompagnement social

Il est obligatoire pour être admis à la maison de famille.

Concernant l’accompagnement individuel, chaque lundi un référent assistant social extérieur (du département lutte contre les exclusions de l’association Magdala) effectue un accompagnement lié au logement (santé, projet de vie, lien avec les familles, travail, ressources).

L’accompagnement du groupe est réalisé par un permanent.

Il y a une équipe de 5 permanents, dont 3 logent dans la maison. Leur rôle est de « permettre la vie en commun, poser le cadre, aider chacun à bien vivre, gérer les conflits, … ».

« Il faut une présence constante nuit et jour car les difficultés peuvent surgir à tous les moments ».

On trouve, parmi ceux qui y logent en permanence, une maîtresse de maison et un responsable de maison Ces deux dernières personnes ont pour tâche « l’animation de la vie collective. Leur fonction est une présence sociale, un soutien ; leur rôle celui d’organisateur / facilitateur / régulateur de la vie quotidienne, animateur des espaces et temps communs, …7.

La mixité entre les populations

Actuellement 3 femmes et 5 hommes résident dans la maison.

Outre ceux-ci, il y a une équipe de 5 permanents dont 3 logent dans la maison et une douzaine de bénévoles (une chambre leur est allouée).

Les bénévoles, selon les talents de chacun, s’occupent des tâches comme le repassage, l’organisation d’activités, l’accompagnement à l’extérieur, …

Il n’y a pas d’enfants, ni de couples (interdit). Il n’y a que des personnes isolées qui peuvent y résider.

Durée du séjour

L’hébergement est limité à l’âge de 60 ans. Ensuite, il est conseillé de passer en maison de retraite. En moyenne les personnes y résident 5 mois ½ et partent souvent pour un relogement en logement individuel. André, lui, est là depuis 2 ans.

La maison a droit à 10% de personnes qui ne sont pas domiciliées, ce qui permet aussi un accueil temporaire ou d’urgence.

Références

  • Circulaire des Ministre des affaires sociales, de l’équipement et Secrétaire d’Etat à la lutte contre la précarité et l’exclusion, n°2002/595 du 10 décembre 2002 relative aux maisons relais.

  • FNARS, Maisons relais. Guide de montage, dans Recueil &Documents n°22, mai 2003.

  • Règlement d’ordre intérieur de la Maison de Famille Magdala.

En savoir plus

  • Marianne Wasson, Responsable de la maison (hôte)

  • André Rousseaux, Résident

  • Maison de Famille MAGDALA

    111, rue Kléber

    9155 Faches-Thumesnil - France

    Tél/Fax : 00/33/(0)3.20.97.18.11