Belgique – Tour d’horizon du succès des actions en matière de mobilité

Caroline Panard, 2020

Territoires-Audacieux

Quand il s’agit de construire la stratégie de leur Plan Climat Air Energie (PCAET), les territoires, qu’ils soient en France ou à l’étranger, font face aux mêmes grandes thématiques : l’énergie, le bâti, l’alimentation et la mobilité. Aujourd’hui, nous vous proposons un focus sur la mobilité.

Saviez-vous, par exemple, que nous n’utilisons nos voitures que 5% par an ? En effet, notre voiture est en stationnement 95% du temps ! Pendant ce temps, l’entretien d’un seul véhicule particulier coûte en moyenne deux salaires mensuels chaque année !

Cette semaine, nous vous proposons donc de vous inspirer des réussites des communes de Bonheiden, Laneken, Hasselt et Courtrai en Belgique. Elles ont chacune mis en place avec brio des actions en faveur d’une mobilité plus durable.

Se concentrer sur la mobilité est essentiel pour la santé publique et la sécurité d’un territoire. Contrairement aux idées reçues, mettre en place des actions de mobilité durable n’est pas nécessairement coûteux. Il s’agit plutôt d’une bonne gestion stratégique et d’une communication réussie auprès des usagers. Plusieurs solutions sont disponibles : engager une démarche de Plan de Mobilité, par exemple, impliquer les prestataires de transport en commun, engager une campagne de sensibilisation à la pratique de la marche et du vélo, encourager des utilisations alternatives du transport motorisé comme le covoiturage, ou encore favoriser des infrastructures routières respectueuses de l’environnement.

Futureproofed recommande de penser votre stratégie mobilité et de communiquer à son sujet dans cet ordre : d’abord la marche, puis le vélo, les transports en commun, et enfin, les véhicules motorisés.

Danny Ravau (à droite) a reçu la première subvention vélo
de l’échevin Axel Weydts (SP.A) (Photo : VKK)

A une trentaine de kilomètres au Nord de Lille, à Courtrai, l’échevin chargé de la mobilité, Axel Weydts, a mis en place une subvention pour inciter à l’achat de vélo électrique. Ainsi, en un seul trimestre, 24 habitants de Courtrai ont bénéficié de cette subvention en troquant leur véhicule personnel, alors que déjà dix autres étaient en attente d’approbation. Toute personne s’engageant à ne pas acheter de nouveau véhicule pendant deux ans peut prétendre à cette subvention. Parmi le public enthousiaste, on trouve des jeunes et des moins jeunes, et également des ménages qui choisissent de se débarrasser de leur second véhicule.

Danny Ravau a été le premier habitant à recevoir cette subvention :

« J’ai décidé de vendre ma voiture, explique Danny. J’ai acheté un bon vélo pliant électrique en mars. Je peux parfaitement faire mes trajets quotidiens avec. Je ne le regrette pas du tout. Non seulement c’est bon pour l’environnement, mais c’est aussi beaucoup moins cher qu’une voiture. La pluie ne me dérange pas. Il existe un tas de vêtements imperméables convenables. Je peux aussi prendre le train avec mon vélo sans supplément. Sincèrement, qui prend encore sa voiture pour aller à Anvers aujourd’hui, avec tous les embouteillages ?”

Du côté de Hasslet, en Région Flamande, dans la province de Limbourg, une des actions les plus réussies du Plan Climat a été l’achat groupé de vélos électriques.

Campagne d’achat groupé de vélos électriques à Hasselt.

Au printemps 2019, c’est ainsi que 469 vélos électriques, 9 trottinettes électriques et 18 vélos cargo ont été vendus. Au total, c’est plus d’un million d’euros que les habitants de Hasselt ont investis dans la mobilité durable. Grâce à l’achat groupé, c’est une dépense supplémentaire de plus de 200.000 euros qui a été économisée. Les habitants en redemandent !

Erica Lemmens est responsable de la durabilité de la ville de Hasselt depuis pas moins de 15 ans. Elle incarne parfaitement sa fonction, puisque vous pouvez notamment l’apercevoir participer en vélo cargo à la campagne volontaire de ramassage de déchets Mooimakers.

Erica Lemmens « Nous avons aussi eu beaucoup de retours positifs sur nos casiers à vélos. Les citoyens pouvaient en faire la demande près de chez eux et la mairie venait les installer le plus rapidement possible. En fait, c’est tellement populaire que nous n’avons plus d’espace et que nous cherchons d’autres endroits pour répondre à la forte demande. »

 

Une autre ville de la province de Limbourg, Lanaken, est très active en termes de mobilité. La municipalité a décidé d’appliquer le principe STOP. Né en 2001 d’une réaction de Carl Decaluwé (homme politique flamand Belge appartenant au Parti Démocrate Chrétien), l’acronyme STOP désigne une hiérarchisation des modes de transport : S pour piétons, T pour cyclistes, O pour transport public, P pour transport privé.

A Lanaken, cela veut dire offrir des abonnements gratuits aux transports en commun pour les agents de la municipalité, proposer des allocations vélos, ou encore mettre en place des vélos de service électrique. Vous pouvez découvrir les actions mises en place par Lanaken et Bonheiden sur leurs pages publiques !

Nous le voyons, en termes de mobilité, l’approche infrastructure de la collectivité est essentielle, contrairement à d’autres sujets, comme l’alimentation, où la démarche volontariste est privilégiée. Comme expliqué dans un article précédent, l’approche “volontariste” est l’idée que la volonté individuelle est chargée d’initier le changement. La sensibilisation et la communication deviennent alors les outils majeurs pour les territoires dans une approche volontariste. Pour la mobilité, en revanche, une volonté politique forte doit être à l’origine de la décision.

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