Changements climatiques et citoyenneté

L’expérience française des conférences de citoyens. Brève analyse des procédures de 1998 à 2014.

Jacques Testart, 2015

Fondation Sciences Citoyennes (Sciences Citoyennes)

Dans son ouvrage L’Humanitude au pouvoir. Comment les citoyens peuvent décider du bien commun (Seuil, 2015), Jacques Testart revient sur sept conférences de citoyens qui ont eu lieu en France entre 1998 et 2014 (annexe disponible sur son blog Jacques Testart, critique de science). Ces conférences portaient toutes sur des questions controversées, qui supposent la mobilisation de connaissances scientifiques parfois contradictoires et peu accessibles pour le grand public. S’il existe des limites à ces procédures (protocole technique variable, conflits d’intérêts, prise en compte de la délibération citoyenne par le législateur,…), l’auteur met en avant la richesse d’une telle démarche. Les citoyens aboutissent à des conclusions qui remettent l’intérêt général au cœur de leurs préoccupations et délibérations, au risque d’aller à l’encontre de ce qu’on peut supposer être leurs « intérêts immédiats ».

Cette fiche ressource propose des éléments sur la deuxième conférence de citoyens en France, organisée à l’initiative de la Commission nationale du développement durable (Ministère de l’environnement) en 2002. Vous trouverez le texte rédigé par Jacques Testart sur son blog.

Le comité de pilotage a été composé de manière à rendre compte des différentes postures et opinions face aux changements climatiques. La procédure de cette conférence de citoyens a servit de base pour l’élaboration en 2003 du protocole des conventions de citoyens pour la Commission Française du Développement Durable.

Les citoyens ont fait 36 propositions qui rendent compte des efforts qu’ils étaient prêts à déployer en tant qu’individu ainsi que des attentes qu’ils ont vis-à-vis des États et de la communauté internationale pour réguler et trouver des solutions adaptées. Face à l’ampleur des enjeux, au besoin d’action immédiate et à la capacité de déploiement des solutions, les citoyens ont identifié le champ de la consommation énergétique comme le domaine prioritaire.

Mais l’ampleur des enjeux liés au changement climatique est globale, et les recommandations des citoyens rendent compte de leur clairvoyance sur l’importance d’une régulation supranationale. Cependant, la diffusion des résultats de la conférence a été très timide et les propositions des citoyens ont à ce jour eu un écho très limité sur la politique nationale et internationale.

A l’occasion du Sommet de Copenhague, le Conseil danois de la technologie 1 a organisé un forum international qui a regroupé 4400 citoyens de 38 pays. Cette rencontre 2 a mis en lumière le décalage entre les engagements pris par les dirigeants et les attentes citoyennes, qui appelaient à des accords contraignants et à la mise en place de mécanismes de régulation internationaux.

1 Organisme qui a inventé les conférences de citoyens.

2 Pour en savoir plus sur l’initiative danoise et la consultation internationale sur le climat:
- Neubauer C., 2003, « L’Office danois de technologie (Teknologirådet), un avant-gardiste des méthodes participatives », Sciences Citoyennes, DPH.
- Blue G. et Medlock J., 2014, “Public Engagement with Climate Change as Scientific Citizenship: A Case Study of World Wide Views on Global Warming”, Science as Culture, Vol. 23, n°4, pp. 560-579.
- World Wide Views : www.wwviews.org

Références

  • Testart J. (dir.), 2003, Réflexions pour un monde vivable, Mille et Une nuits, collection « Les petits libres », 128 p.

  • Testart J., 2015, L’Humanitude au pouvoir. Comment les citoyens peuvent décider du bien commun. Paris, Seuil, 160p.

Annexe « L’expérience française des conférences de citoyens : Brève analyse des procédures de 1998 à 2014 » disponible sur le blog Jacques Testart, critique de science

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