Des communes invitent les citoyens aux « tables d’énergie ».

Un outil de communication et de coopération pour faire participer des acteurs venant d’horizons différents à l’élaboration de projets

Ina Ranson, 1999

Les « tables d’énergie » fonctionnent un peu comme les « tables rondes » : elles réunissent de nombreux acteurs autour des questions et des problèmes communs. Mais si pour les tables rondes l’objectif principal est l’échange de vues, d’expériences et de conseils, les tables d’énergie ont l’ambition d’aller plus loin : des citoyens engagés, des représentants d’entreprises, d’organisations et d’associations diverses sont invités à concevoir et à planifier la mise en pratique de projets concrets. Et tous les participants s’engagent d’une façon ou d’une autre pour la réalisation.

Dans le cadre d’une campagne pour la réduction des émissions du CO2, lancée par l’Institut Allemand pour l’Urbanisme (DIFU) et l’Institut pour la Communication des Organisations (Institut für Organisationskommunikation) dans 23 communes modèles, les « tables d’énergie » ont été le principal outil de travail.

Apprendre à travailler ensemble

Avant de lancer des invitations à la « table d’énergie », il importe de réfléchir sur la meilleure façon de préciser le sujet. Comme l’ambition de la campagne du DIFU était de réduire de façon significative les émissions de CO2, il était judicieux de proposer, dès le départ, un domaine où l’on pouvait trouver un potentiel élevé. 17 communes choisirent de se concentrer sur les économies d’énergie ou l’isolation dans l’immobilier, dont quatre dans les bâtiments publics. Ce sujet permit aussi d’inclure dans les débats certains acteurs-clé : les entreprises, les propriétaires d’immobilier etc., souvent encore peu sensibilisés aux problèmes de la protection du climat. Cinq communes mettaient en avant les économies d’énergie dans les ménages, trois la réduction du CO2 dans le domaine des transports et deux l’utilisation rationnelle de l’énergie dans des entreprises et des commerces.

Un exemple : à Speyer, la table d’énergie a fourni aux entreprises divers services de conseil. Les hôtels et les restaurants ainsi que les petits commerces ont par exemple changé leurs systèmes d’éclairage. Enfin, la commune a passé un accord avec une entreprise chimique locale pour la production de méthane à partir d’une tour de fermentation.

Le choix des participants aux tables d’énergie est essentiel : il faut réunir ceux qui pourront prendre des décisions, ceux qui seront concernés, et ceux qui agiront comme des multiplicateurs.

Entre la première et la dernière table ronde, il s’écoule habituellement une année. Entretemps, il y a six réunions plénières et une série de rencontres des groupes de projet. Ce sont ceux-ci qui élaborent les projets en détail pour les soumettre ensuite aux réunions plénières où ils seront discutés et adaptés aux propositions des participants. Il est souhaitable que les premières et les dernières réunions ainsi que toutes les réunions plénières soient accompagnées par un animateur qui vient de l’extérieur. Il est bon aussi qu’une personne ressource aide les participants à avoir accès à des informations techniques et autres pouvant être utiles pour la conception des projets.

La dernière table ronde n’est pas la fin du processus. La réalisation des projets dure beaucoup plus longtemps. Dans plusieurs villes, les participants ont par exemple fondé des associations ou créé des agences de conseil pour continuer le travail commencé.

Quelle évaluation ?

Les organisateurs de la campagne soulignent que le travail effectué autour des tables d’énergie a été considérable, même s’il est difficile de chiffrer les succès en tonnes de CO2 économisées, d’autant plus quand l’accent a été mis sur les services de conseil des consommateurs d’énergie. D’autre part une partie des réalisations dans le domaine immobilier n’a pas encore été terminée.

Le premier avantage de l’outil est qu’il a permis d’engager des acteurs très divers pour la protection du climat. Les décisions de la municipalité trouveront ainsi plus de soutien. Les tables d’énergie ont permis de clarifier les questions, à savoir qui pouvait être impliqué dans les décisions à prendre et quelles étaient les marges de manœuvre pour les actions concrètes. Le fait de réunir des acteurs ayant des compétences différentes permet souvent de trouver des solutions à des problèmes assez complexes.

Par ailleurs, dans plusieurs villes, l’organisation des tables d’énergie a donné une impulsion à un débat publique plus large. Et parfois, elle a été l’occasion pour remettre sur le tapis d’autres sujets de l’Agenda 21.

Cet outil de communication et de coopération efficace peut parfois permettre de « brûler les étapes », en invitant d’en venir vite aux questions concrètes. Pourtant, il ne peut servir que dans une commune où les partenaires potentiels sont déjà sensibilisés.

Références

  • La fiche est le résumé d’un article publié dans DIFU-Berichte 3/1999. Celui-ci se réfère à la publication suivante : Annette Fischer, Dagmar Hensch, Thorsten Pinkepank, Energie-Tische zum Klimaschutz, Erfolg durch Zusammenarbeit, éd. DIFU. La publication décrit la planification, l’organisation et la réalisation des tables d’énergie. En outre, elle donne des pistes d’action liées aux thèmes qui peuvent surgir, et elle présente une multitude de projets déjà réalisés. Une deuxième publication traite plus en détails la coopération dans le domaine des économies d’énergie et de l’isolation dans l’immobilier tout en transmettant les connaissances de base pour les aspects techniques. Les deux publications ont été conçues pour que les municipalités soient en mesure d’organiser elles-mêmes des tables d’énergie.