Parc naturel européen Plaines Scarpe-Escaut

2022

La coopération transfrontalière est un partenariat entre des acteurs privés ou publics, séparés par une frontière étatique, dont les actions ont des répercussions régionales et locales de part et d’autre de la frontière. Au sein de l’espace européen, la mobilité transfrontalière à 360°, les projets et politiques qui accompagnent cette mobilité dans les territoires proches de la frontière, l’intégration transfrontalière progressive que cette coopération construit et qui donne naissance à des territoires transfrontaliers, caractérisent différentes expériences. Pour illustrer les résultats de plus de 20 ans de coopération au sein de la Mission Opérationnelle Transfrontalière (MOT), 20 expériences uniques menées par les membres de la MOT au service des habitants des territoires transfrontaliers ont été mises en lumière. Les espaces naturels sensibles ne s’arrêtent pas à la frontière ! C’est pourquoi les parcs naturels s’impliquent et développent des projets ambitieux. Le parc naturel transfrontalier des Plaines Scarpe-Escaut, qui regroupe deux parcs naturels à la frontière franco-belge, est l’un d’entre eux.

Présentation

Le parc naturel transfrontalier du Hainaut (institutionnalisé en tant que parc naturel européen GECT Plaines Scarpe-Escaut depuis 2022) a été créé en 1996. Il comprend deux parcs naturels situés à la frontière franco-belge : le Parc naturel régional Scarpe-Escaut côté français (créé en 1968, c’est le plus ancien PNR créé en France) et le Parc naturel des Plaines de l’Escaut côté belge (créé en 1996).

La zone couvre environ 95 000 hectares (950 km²), compte 300 000 habitants et 130 villages et villes. Elle est située entre Lille, Valenciennes, Tournai et Mons.

La coopération entre les espaces naturels protégés est ancienne et l’une des plus soutenues en Europe. La constitution du Parc naturel européen de la plaine de Scarpe-Escaut GECT (Groupement européen de coopération territoriale), qui regroupe les deux parcs, permettra de mieux prendre en compte le bassin versant et de fédérer les acteurs autour d’une stratégie commune partagée de part et d’autre de la frontière.

Les premiers pas de la coopération transfrontalière

Le 7 octobre 1983, la Région wallonne et la Région Nord-Pas-de-Calais ont signé un protocole d’accord pour s’associer, en concertation avec les autorités départementales, provinciales et communales, afin de promouvoir la création d’un « parc naturel transfrontalier » sur les plaines de la Scarpe et de l’Escaut. L’objectif est de mettre en œuvre une politique de gestion et de développement globale et harmonieuse, basée sur les ressources locales et des activités respectueuses des équilibres naturels.

Suite à ce protocole, le Parc Naturel Régional Scarpe-Escaut (PNRSE) et l’Intercommunale de développement économique des arrondissements de Tournai, d’Ath et des communes avoisinantes (IDETA), organisme responsable du Parc Naturel des Plaines de l’Escaut (PNPE), ont encouragé la coopération locale, notamment par le biais d’actions concrètes.

Les premières coopérations ont été initiées en 1989 entre le parc français et ses partenaires wallons dans le cadre du programme Interreg (1991-1994). La coopération s’est ensuite développée avec le soutien d’Interreg II (1995-2001). Au cours de cette période, le parc a pris une nouvelle dimension transfrontalière : la création du parc naturel des Plaines de l’Escaut en Wallonie en 1996, directement adjacent au parc, a favorisé l’union des deux parcs, sur un territoire présentant des milieux naturels et des paysages similaires, les mêmes ressources en eau et un passé abbatial et minier commun.

Les deux parcs, affirmant une solidarité d’action, forment le Parc naturel transfrontalier du Hainaut. Après une première phase de coopération légère, qui s’est traduite par des sentiers de randonnée transfrontaliers et des échanges scolaires, le dialogue et les rencontres entre élus et techniciens se sont intensifiés pour aboutir à la rédaction d’une des premières chartes transfrontalières d’un parc naturel européen.

En 2006, plus de dix ans d’actions et de coopération transfrontalières ont été célébrés lors de la première fête des parcs transfrontaliers.

En 2011, dans le cadre d’Interreg IV, il a reçu le prix « Projet stratégique 2011 », considéré comme l’un des plus « structurants et exemplaires en termes de mobilisation des acteurs et des territoires autour d’un thème stratégique de la coopération transfrontalière ».

Pour mettre en place une coopération transfrontalière naturelle, un certain nombre de conditions doivent être réunies

De nombreuses actions communes

La coopération, facilitée notamment par l’utilisation d’un langage commun, se manifeste dans plusieurs domaines thématiques.

La communication vers le public, à travers la création d’un logo et d’un nom communs « Parc naturel transfrontalier du Hainaut », s’illustre par un positionnement touristique unique : création de circuits transfrontaliers, de cartes touristiques communes, de points d’accueil complémentaires, d’événements communs, édition de brochures et d’ouvrages, etc. Cette communication passe également par un contact permanent avec le public et les autorités locales. Cette communication passe également par un contact permanent avec le public et les autorités locales. Cette communication passe également par un contact permanent avec les associations.

Le Parc Transfrontalier du Hainaut travaille à l’harmonisation de la gestion des milieux naturels et au développement d’actions pédagogiques de sensibilisation à l’en vironnement et au paysage.

Un partenariat technique et scientifique a permis de réaliser de nombreuses études sur l’environnement (flore, faune) et l’aménagement (notamment en ce qui concerne la gestion des cours d’eau).

Enfin, l’agriculture et l’artisanat ont fait l’objet de nombreuses initiatives de coopération, notamment dans le domaine de la promotion des produits agricoles locaux et de l’étude comparative des mesures agro-environnementales. La protection et la promotion de l’artisanat et des formes locales d’agriculture est l’un des objectifs partagés par les deux parcs.

Exemples de projets communs

En 2014, les deux parcs ont accueilli conjointement la 6e « TransParcNet meeting », une rencontre annuelle des sites naturels protégés transfrontaliers d’Europe. Cet événement a réuni des gestionnaires d’espaces naturels de toute l’Europe confrontés à des problématiques transfrontalières, pour discuter du développement touristique et de la gestion des milieux naturels.

Le projet " Terre en Action « , coordonné par le parc naturel transfrontalier du Hainaut, offre un cadre porteur, mutualisant différentes pratiques, favorisant les circuits courts et valorisant les initiatives citoyennes locales, dans le but de se réapproprier le quotidien pour mieux vivre ensemble et avec la nature. Depuis juillet 2016, l’initiative est soutenue par l’Union européenne dans le cadre du programme Interreg V France Wallonie Vlaanderen.

D’autres projets de valorisation des produits locaux et des pratiques respectueuses de l’environnement sont menés au sein du PNTH, comme le « Jury gastronomique transfrontalier » qui récompense les produits locaux, l’organisation du concours « Prairies Fleuries » et des « Journées techniques prairies » pour sensibiliser les agriculteurs à l’intérêt de l’entretien des prairies, ou encore le projet « Animations territoriales » qui organise des séances d’information sur différents thèmes liés à l’agriculture.

Dans le cadre de la préservation des paysages du parc transfrontalier, l’observatoire photographique des paysages transfrontaliers a été conçu. Cet outil permet d’observer l’évolution des différents paysages du parc par la technique de la reconstitution photographique dans le temps. C’est aussi un outil de mobilisation des citoyens qui peuvent contribuer à ce projet de découverte et d’analyse du paysage en parrainant un paysage.

Dans ses équipements pédagogiques, le parc propose des activités pour les scolaires et des stages de vacances pour développer leur curiosité et leur ouverture sur l’environnement, dès l’âge de 3 ans. Pour développer l’éco-citoyenneté transfrontalière, les journées pédagogiques « Ecosystèmes sans frontières » ont été conçues. L’objectif est de leur faire prendre conscience que les écosystèmes de part et d’autre de la frontière sont similaires et que tout est lié.

Gestion conjointe et charte transfrontalière

En 2005, les deux organismes de gestion, le Syndicat mixte du parc naturel régional Scarpe-Escaut (PNRSE) et la Commission de gestion du parc naturel des Plaines de l’Escaut (PNPE), ont confirmé leur engagement dans un projet de territoire commun lors du renouvellement de la Charte du PNRSE.

En 2010, une charte à dimension transfrontalière, valable jusqu’en 2022, a été adoptée. Bien que le périmètre de révision de la charte se réfère à la partie française pour le classement en " Parc Naturel Régional « , il s’agit d’un projet transfrontalier. En effet, le diagnostic du territoire inclut le parc belge, et les thématiques et stratégies ont été définies avec les élus du PNPE. La charte renouvelée, qui représente la quatrième génération de chartes pour ce territoire depuis 1968, repose sur un double engagement à :

C’est le Syndicat mixte du PNRSE qui pilote la mise en œuvre de la charte dans un esprit de mission au service de son territoire et de ses habitants, en liaison avec les signataires et les autres partenaires.

Dans l’exercice de ses missions, le Syndicat mixte a un triple rôle de facilitateur, d’initiateur, d’accompagnateur et d’opérateur.

Les deux parcs partagent les objectifs stratégiques de cette charte et souhaitent mettre en œuvre les différents objectifs opérationnels à trois niveaux :

La gouvernance actuelle du Parc naturel transfrontalier du Hainaut est basée sur la concertation entre les deux parties, dans le respect de l’autonomie de chacune. Décrite dans la Convention de partenariat signée entre les deux Parcs naturels en 2010, cette gouvernance se traduit politiquement par l’existence d’un Bureau transfrontalier réunissant les représentants des instances décisionnelles des deux Parcs naturels. Au niveau technique, des réunions régulières sont organisées entre les équipes de part et d’autre de la frontière pour assurer l’échange d’informations, la coordination et le pilotage dans la mise en œuvre des actions (la convention de partenariat).

Par ailleurs, une assemblée plénière des élus du parc transfrontalier se tient une fois par an. Sur le plan technique, les rencontres entre les deux équipes, tant au niveau de la direction que des chefs de projet, sont devenues quotidiennes.

Aujourd’hui, les deux parties expriment une nouvelle ambition : fusionner en un seul parc naturel sans réelles frontières.

Dans le cadre du projet Interreg V " PNTH Objectif 2025 " (2019-2022), les deux parcs ont travaillé à structurer et pérenniser la gouvernance politique et technique du parc naturel transfrontalier du Hainaut autour d’une gouvernance multi-partenariale du territoire afin de gommer " l’effet frontière « .

Cette gouvernance est désormais institutionnalisée avec la création du Groupement européen de coopération territoriale (GECT) du Parc naturel européen des plaines de Scarpe-Escaut. Le GECT renforcera le rôle des deux parcs comme point de rencontre, notamment pour les gestionnaires de forêts et de cours d’eau, tout en devenant un laboratoire d’expérimentation de nouvelles réponses aux transitions écologiques, climatiques et sociales.

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