La gouvernance par les initiatives « smart » : le cas de San Francisco

Jean DANIELOU, 2014

Problématique : Comment concilier au niveau de la gouvernance la multiplication d’initiatives « smart » ? La ville de San Francisco bénéficie, du fait de sa localisation géographique à proximité de la Silicon Valley qui accueille de nombreuses entreprises mondiales spécialisées dans les technologies de l’information et de la communication (TIC), d’une expertise technologique qui a été rapidement intégrée à la structure urbaine. Se saisissant aussi bien de la problématique de l’Open Data que de l’éclairage public intelligent, la ville de San Francisco réunit de nombreuses facettes de la ville intelligente avec pour horizon la réduction de l’émission des gaz à effet de serre produit par les diverses activités urbaines.

Dès 2009, la ville de San Francisco a combiné la mobilisation de données informatisées avec les objectifs de développement durable en créant l’Urban EcoMap, développant alors une « éco-localisation » des zones émettant plus ou moins de gaz à effet de serres (GES). A cette première fonction remplie par toute carte traditionnelle, on doit ajouter le fait que l’Urban EcoMap permet de mesurer le coût pour l’environnement des actions quotidiennes, et permet ainsi d’optimiser les choix de déplacement dans la ville, par exemple. Développé avec l’aide de Cisco, cet outil est mis à la disposition des citoyens-usagers et permet d’explorer leur environnement urbain à l’aune de critères environnementaux. L’idée fondamentale est qu’une telle plateforme, en plus de prodiguer des informations, entraîne la possibilité de réformer les comportements en proposant une évaluation graduelle du coût environnemental des différentes actions quotidiennes.

Parallèlement à la mise en place de ce dispositif, la ville de San Francisco a continué à lancer de nombreuses autres actions visant à optimiser le fonctionnement de la ville en rendant toujours plus d’informations disponibles.

Le lancement de la plateforme ImproveSF montre la volonté qu’a la ville de mettre en œuvre le maximum d’espaces numériques permettant aux citoyens de participer activement à l’amélioration de la vie à San Francisco. La plateforme ImproveSF se fixe pour objectif de favoriser l’échange bilatéral entre les citoyens-usagers et la municipalité. La ville, une communauté de personnes ou une organisation (en tous les cas un groupe, qu’il soit institutionnel ou non) fixe un ensemble de défis et laisse le soin aux citoyens de proposer des solutions innovantes. Il est intéressant de noter qu’un système de remise des prix pour les idées les plus innovantes a été mis en place. Quand l’Urban EcoMap se sert des TIC pour favoriser le développement durable, la plateforme ImproveSF propose de faire des citoyens-usagers des acteurs stratégiques prenant part à la construction de la ville.

En plus de la multiplication de plateformes dédiées aux actions citoyennes, la ville de San Francisco intègre à son fonctionnement des systèmes automatisés. Avec le concours de Paradox Engineering, la municipalité met en place un Lighting Management solution, qui permet un monitoring urbain contrôlant dans un premier temps les systèmes d’éclairage de la ville et qui pourra être étendu à d’autres domaines comme le chargement des bornes de recharge pour véhicules électriques.

Pour gouverner la prolifération de ces différents systèmes, la ville de San Francisco propose un cadre d’inclusion digital qui fait l’objet d’une politique publique (intitulée « Digital inclusion ») et a nommé le premier « Chief Innovation Officer », agent nommé par le maire en charge de l’optimisation du fonctionnement de la ville par les technologies.