MicroMarchés temporaires et restaurant-bar-épicerie

Un modèle d’économie sociale et solidaire pour rendre accessible une alimentation locale de qualité

janvier 2019

Fondation Daniel et Nina Carasso (FDNC)

Vers une Europe de systèmes alimentaires territoriaux ?

Cette étude est extraite de l’analyse de vingt-deux projets français et espagnols liés aux nouveaux modèles alimentaires, soulignant toutes des enjeux différents.

En Espagne, la gouvernance se construit, tandis que les systèmes alimentaires français cherchent des solutions pour changer d’échelle. Mais dans ces deux pays, l’accessibilité reste le maillon faible.

Retour d’expérience sur le projet de l’association nantaise Ecos, pilote du projet MicroMarchés lancé par le Centre Communal d’Action Social de la ville.

À télécharger : capitalisation_carasso-ecos_nantes.pdf (290 Kio)

L’association Ecos vise le changement de pratiques alimentaires des habitants, dans les quartiers visés. Au-delà de l’accessibilité, physique et économique, à une alimentation locale de qualité, l’association sensibilise ces consommateurs. Des ateliers de cuisine sont proposés et les citoyens participent activement à l’organisation des MicroMarchés.

Depuis dix ans, à Nantes (44), l’association Ecos travaille sur l’écologie urbaine, le diagnostic de territoire, les pratiques alternatives, l’art dans les quartiers et l’incubation d’associations. Repérée par le Centre communal d’action sociale comme un acteur actif sur les questions d’alimentation, Ecos bénéficie en 2014 d’une subvention qui lui permet de lancer le projet de MicroMarchés (MM) : distribuer dix paniers à des personnes en situation de précarité, chaque semaine, « en bas de leur immeuble ». Rapidement, l’association souhaite rendre viable cette initiative et l’ouvrir à tous les habitants du quartier. Des discussions s’engagent avec les producteurs locaux pour renforcer l’approvisionnement : GAB 44, Terroir 44 et des agriculteurs en direct.

Un deuxième MM s’ouvre, suivi d’un troisième.

Mais la logistique reste fragile.

Des partenariats sont noués avec des associations des quartiers ciblés, afin qu’elles se chargent de l’organisation du MM hebdomadaire. Le financement est assuré par les collectivités locales, des agences publiques et des fondations. En 2017, l’association crée une société coopérative d’intérêt collectif (Scic) pour reprendre la gestion des MM. Elle ouvre un point de vente fixe, une épicerie-restaurant-bar : La Grande Barge. En formalisant ce projet d’entreprise, Ecos s’entoure de partenaires économiques, lui permettant de se détacher partiellement des acteurs institutionnels et de la société civile. Le fonctionnement du lieu oblige à élargir la gamme des produits, et à augmenter le rayon d’achat.

Ouvrir un lieu « à utilités multiples » pour réussir le changement d’échelle

La Grande Barge rassemble plusieurs activités autour de l’alimentation : la structure assure le stockage des produits, centralise les commandes et parfois la livraison pour les fournisseurs, dont les agriculteurs. Bar, restaurant et MicroMarchés peuvent ainsi se répartir les charges et les moyens. Les différentes activités de La Grande Barge permettent de toucher un public plus varié et plus nombreux. Avec la structure coopérative (Scic), les acteurs du circuit de distribution sont plus impliqués dans la prise de décision. De plus, l’ouverture de ce lieu permet de donner une nouvelle visibilité à la dynamique associative, qui gagne en reconnaissance auprès des autres acteurs de l’économie sociale et solidaire. Aujourd’hui, La Grande Barge emploie quatre salariés pour 250 000 € de chiffre d’affaires. Les marges dégagées permettent de contribuer au financement des MicroMarchés.

Consolider le modèle socioéconomique avec une nouvelle structure portée par une Scic

La mise en place des MicroMarchés demande de trouver les fournisseurs, d’organiser la logistique et de se concerter avec les associations partenaires. Après trois ans, trois MicroMarchés sont fonctionnels. Plusieurs limites apparaissent : le passage de commande manuel très laborieux, la volonté de travailler avec des producteurs en direct, et pas seulement avec des jardins d’insertion, l’identification d’un modèle économique rentable. La consolidation du projet de La Grande Barge, à travers l’identification d’un lieu et d’une équipe salariée, donne un nouveau souffle au projet. En attirant de nouveaux clients, la structure augmente ses revenus. Des ressources financières sont dégagées pour couvrir le fonctionnement des MicroMarchés.

Références

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