Jean-François Caron

Jean-François Caron, Président de l’Association de promotion de la Fabrique des transitions, Maire de Loos-en-Gohelle.

Jean-François Caron est un élu des Hauts de France, Maire de Loos-en-Gohelle (6800 habitants) depuis 2001, Vice-président de la Communauté d’agglomération de Lens-Liévin, et ancien Vice –président du conseil régional où il avait en charge les questions de Développement Durable, d’Aménagement du territoire et d’Environnement.

Au conseil régional, il a notamment conduit les travaux du Schéma Régional d’Aménagement du Territoire SRADDT. Il a produit dans un exercice participatif très mobilisateur le Livre blanc sur l’après charbon, pour le territoire minier (1 million habitants), et mis en place les premières politiques transversales allant vers une intégration de la démarche Développement Durable. En 2010, en lien étroit avec le président de Région Daniel Percheron, il a porté la démarche de Transformation Ecologique et Sociale Régionale visant à dépasser le stade des expérimentations en matière de transition. Il s’agissait d’introduire un changement de modèle intégrant mieux la question des biens communs, et basé sur la re-coordination du jeu des acteurs. C’est dans la continuité de cette logique qu’il a animé la démarche de Troisième Révolution Industrielle avec Jérémy Rifkin, avec l’élaboration d’un masterplan régional, et l’initialisation d’une démarche qui vise à réarticuler économie et environnement.

Il est actuellement vice-président de la communauté d’agglomération de Lens/Liévin, chargé de l’innovation, de la transition énergétique et de la Troisième Révolution Industrielle.

Il préside le Cd2e, structure d’aide au développement des éco-activités et des éco-entreprises, qui a notamment permis l’émergence du pôle TEAM2, pôle de compétitivité sur l’économie circulaire et les éco-matériaux.

Il a également porté et obtenu le classement du bassin minier au patrimoine mondial de l’humanité (UNESCO 2012). La formule prononcée à St-Pétersbourg résume bien l’ambition du projet : redonner fierté et dignité au peuple de la mine, mettre l’excellence au cœur de la transformation de ce bassin minier, et changer l’image du territoire :

« Ici , les paysages ne sont pas faits de granit rose, de mers limpides ou de sommets aux neiges éternelles.Ici, l’homme a creusé, extrait et construit des montagnes.Et l’idée que l’histoire des mineurs vaut l’histoire des rois change tout ! »

En écho au portage de ce dossier qui a duré 10 ans, il a reçu la Légion d’Honneur en 2013. Depuis avril 2019, il est devenu président national de l’association des Biens Français inscrits au patrimoine mondial (ABFPM), succédant à Yves Dauge.

La ville de Loos, dont il est maire depuis 2001, a un statut de ville pilote du Développement Durable, après 25 années d’actions permettant de produire des résultats sur les champs économiques, sociaux et environnementaux et démocratiques. L’Ademe a labellisé Loos comme son premier démonstrateur national de conduite de changement, et l’Etat français l’avait retenue comme la seule visite de terrain prévue pour la COP 21 (malheureusement annulée en dernière minute suite aux attentats de Paris).

La démarche de la ville s’inscrit dans une démarche de conduite de changement, de mise en désir, et considère que la transition n’est pas une affaire technologique, mais bien un enjeu de changement des représentations, de changement d’imaginaire.

Elle s’appuie sur un socle, l’histoire et les valeurs du territoire :

Car on ne peut engager le changement, se projeter, si on renie sa propre histoire, sa propre identité. La mise en trajectoire, la mise en récit est au cœur de ce processus. Les premières actions de reconquête à Loos furent donc menées sous l’angle culturel (festival des Gohelliades, sons et lumières, Land art sur les terrils,…)

Les 4 piliers d’action s’organisent autour de :

Implication des acteurs dans leur diversité (pouvoir d’agir) pour plus d’intelligence collective, plus d’efficacité, et une transformation intime des acteurs que permet la mise en action ;

Penser et agir en systémique, permettant l’approche transversale et requérant des processus coopératifs forts ;

Développer la culture de l’innovation ( qui est une désobéissance qui a réussi), et qui va nécessiter de construire de la confiance (« droit à l’erreur) et une montée en ambition graduelle qui permet de produire des compétences collectives pour la réussite des projets

L’image de l’Étoile et des cailloux blancs : l’Étoile (la vision) fait rêver, elle met en désir, donc en énergie. Mais si elle reste inaccessible, elle provoque frustration, colère, sidération. Il faut donc des cailloux blancs qui mènent à l’étoile, comme autant de passages à l’acte, de jalons et de preuves concrètes qui rythment la mise en mouvement collective.

Si tout n’est pas réglé à Loos, loin s’en faut, le sentiment partagé dans la ville est qu’on y a repris prise, et que cela donne du sens. Et l’attention que portent à la ville les chercheurs, les politiques, les journalistes contribuent à redonner fierté aux habitants, et à changer profondément l’image du territoire.

En 2014, pour travailler la question du changement d’échelle et la transférabilité, Jean-François Caron a lancé le principe d’une Fabrique des Transitions, caractérisée par une observation du réel des transitions réussies, particulièrement dans les territoires qui ont désobéi à la pensée unique, qui ont su dépasser les 1000 et une inerties et résistances au changement, et qui dans leur diversité partagent des méthodes, des éléments d’appui pour conduire une transition réussie. Le territoire est un chaudron qui permet de « faire système », l’entrée territoire est donc riche de ressources et d’opportunités pour faire bouger les lignes.

Au moment où « l’effondrement » apparait de plus en plus nettement comme très plausible, l’enjeu est de travailler au changement d’échelle, en organisant une communauté apprenante, et en créant les conditions du passage à l’acte (centre ressources, formation, travaux d’investigation et de recherche, accompagnement de territoires, …), dans une logique de pairs à pairs plus que dans des logiques descendantes de « sachants »… La mise en réseau de ces « cellules souches » et le potentiel d’inspiration qu’elles apportent permettent d’offrir une voie nouvelle et un espoir, là où les systèmes globaux sont bloqués….

La Fabrique des Transitions entre dans sa phase opérationnelle de préfiguration, et implique une trentaine d’organisations attachées à la Transition, de réseaux multiples qui ont envie de partager leurs actions, leurs méthodes pour chacun, chacune dépasser leurs limites et construire ensemble face aux enjeux d’effondrement à venir.

Jean-François est père de trois filles, en vie maritale. Il a une passion pour l’ornithologie et les sciences de la nature, il est aussi un pratiquant assidu de sports nature (raids nature et course d’orientation, triathlon longue distance dont 5 fois « finisher » de l’embrun man, …)

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