Gestion collective des déchets des professionnels de l’automobile

Les Relais Vert Auto, dans la région Centre, organisent le tri et le recyclage des déchets liés à l’activité des professionnels de l’automobile

Benoît VERDEAUX, 2006

En 1993, le Conseil national des Professionnels de l’automobile (CNPA), l’un des deux syndicats influents de la profession, signe un accord avec le ministère français de l’Environnement. Il s’engage à diffuser la nécessaire prise en compte, par les garagistes, concessionnaires et carrossiers, des effets sur l’environnement du mauvais traitement des déchets liés à leur activité. Le syndicat fait alors appel à la Chambre des métiers du Loir-et-Cher pour appuyer cet effort.

En 1997, un projet de réorganisation et de tri des déchets des professionnels de l’automobile est mis en place dans la région, avec le soutien financier de l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’énergie (ADEME) et du Conseil régional. Ces quatre acteurs définissent un plan d’action conjointe en trois étapes.

Les effets mesurés d’une telle opération sur l’environnement sont révélateurs d’une véritable prise de conscience. Aujourd’hui, moins de 20 pour cent des garagistes de la région continuent à jeter à l’égout les déchets liquides toxiques ; ils étaient une grande majorité à le faire lors du lancement du programme en 1997. Les causes des limites de l’impact du programme sont multiples. Premièrement, les moyens humains et financiers mis à la disposition de cette opération sont trop faibles pour couvrir efficacement l’ensemble du territoire régional. Deux personnes sont chargées de la diffusion et de la réalisation du programme et le budget annuel de cette opération atteint 380 000 euros (Conseil régional : 60 pour cent, ADEME : 40 pour cent). Deuxièmement, la réglementation sur le traitement des déchets des professionnels de l’automobile, en vigueur depuis 1975, n’est pas contrôlée sur le terrain. Nombre de garagistes continuent à pratiquer un traitement alternatif de leurs déchets, en attendant un éventuel contrôle et une hypothétique sanction. De plus, certains collecteurs privés acceptent encore des déchets non triés. Grâce à l’information et à la formation des garagistes, des collectivités et des collecteurs, la Chambre des métiers espère toutefois influer sur les futurs contrats de collecte. En rappelant les obligations légales de traitement sélectif des déchets aux collecteurs, la collecte des garagistes non équipés serait ainsi limitée, ce qui les inciterait à changer de pratique.

Enfin, il est apparu que parmi les autres régions françaises ayant adopté le label, le cas de l’Alsace-Lorraine ait été remarquable. En deux ans d’adoption du programme, cette dernière a rattrapé le niveau actuel de la région Centre (pourtant précurseur). La très forte syndicalisation en Alsace-Lorraine, auprès de syndicats ayant érigé le principe en véritable mot d’ordre, serait le facteur décisif de l’adoption, par les garagistes, carrossiers et concessionnaires, du traitement organisé des déchets liés à leur activité.

Sources

  • Cette fiche a été réalisée lors des Entretiens internationaux de la Délégation à l’Aménagement du territoire et à l’Action régionale (DATAR), à Paris, du 28 au 30 janvier 2002.

  • Entretien avec Corinne BRETON, Chambre des métiers du Loir-et-Cher