Le parc naturel régional du Livradois-Forez valorise son patrimoine pour renforcer son identité

En proie à la désertification, la région Auvergne entreprend une revalorisation du patrimoine architectural et naturel du Livradois-Forez

Frédéric BESSAT, 2006

Les Parcs Naturels Régionaux (PNR) visent à fédérer, sur un territoire au patrimoine naturel et culturel riche mais à l’équilibre fragile et menacé, l’ensemble des communes ou groupements de communes autour d’une charte de développement durable. Dans l’exemple qui nous intéresse, le parc naturel régional du Livradois-Forez, situé dans la région Auvergne, couvre plus de 180 communes et s’étend sur deux départements, le Puy-de-Dôme et la Haute-Loire. Cet espace préservé se caractérise par la qualité architecturale de son patrimoine bâti et par le renouveau spectaculaire de la forêt.

Malgré tout, ce territoire qui compte plus de 109 000 habitants, est aujourd’hui confronté aux problèmes de désertification rurale et de perte d’identité. On déplore en effet la méconnaissance de la spécificité et de la valeur de l’architecture locale, qui conduit à une banalisation des constructions neuves, ou souvent à l’importation de modèles traditionnels plus lointains (chalet suisse ou mas provençal). En 1998, le Livradois-Forez révise sa charte de développement durable et décide de renforcer l’identité de son territoire au travers, notamment, d’un programme de valorisation de son architecture locale. L’objectif à long terme est de renforcer l’attachement des habitants à leur territoire, donc de les encourager à rester sur place, mais également d’attirer de nouvelles familles soucieuses de la qualité de leur cadre de vie.

Ce programme se déroule en quatre temps.

A ce jour, malgré la forte concurrence des filières commerciales proposant des habitations clefs en main, l’action du PNR a permis la réhabilitation d’une centaine de maisons selon les règles de construction du Livradois-Forez. La large distribution de plaquettes d’information a permis la sensibilisation des publics cible, tandis que la réalisation d’opérations de référence a autorisé une large communication auprès de la population.

Toutefois, le PNR du Livradois-Forez doit toujours faire face à une difficulté de taille : l’ensemble de ses recommandations architecturales n’ont aucun caractère réglementaire ou prescriptif, dans la mesure où aucune sanction n’est possible contre une construction neuve ne les respectant pas. Par ailleurs, il reste difficile de faire comprendre aux acteurs que la valorisation de la filière bois sur le territoire, qui est source de développement économique, peut aussi entacher son image et son identité si l’utilisation de ce matériau ne s’inscrit pas dans la tradition architecturale du Livradois-Forez (comme c’est le cas, par exemple, pour la construction de chalets suisses). De même, le surcoût de construction entraîné par les recommandations architecturales, et qui n’est que très partiellement pris en charge par le PNR, complique sa tâche. Les gains d’un territoire en termes d’image, d’identité et d’amélioration du cadre de vie sont en effet très peu quantifiables.

Cette expérience de valorisation du patrimoine prouve la nécessité d’un travail permanent de communication, de sensibilisation et de concertation de l’ensemble des professionnels et de la population. Ce travail ne peut bien sûr s’inscrire que dans la durée. De plus, il convient ici de noter que cette action visant à renforcer l’identité du territoire à partir d’une tradition architecturale régionale n’est en rien contraire à la modernisation de la société : il s’agit de s’appuyer sur le passé commun d’une population pour laisser libre court à la création et à l’adaptation aux modes de vie contemporains.

Sources

  • Cette fiche a été réalisée lors des Entretiens internationaux de la Délégation à l’Aménagement du Territoire et à l’Action Régionale (DATAR), à Paris, du 28 au 30 janvier 2002.

  • Entretien avec Mme Dominique GIRON, PNR Livradois-Forez

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