Aire Métropolitaine de Barcelone : faire ensemble pour faire mieux.

2014

Fonds mondial pour le développement des villes (FMDV)

Nouvel échelon territorial mis en place en 2010, l’Aire Métropolitaine de Barcelone se veut un instrument de développement territorial efficace et pertinent dans un contexte de raréfaction des ressources.

Face à la montée des besoins locaux (en aménagement, développement et renouvellement urbains), et sous l’effet de la mondialisation, la métropolisation institutionnalisée et l’intermunicipalisation constituent pour certains territoires des opportunités d’économie d’échelle, de syndication des moyens et de performance socio-économique.

Région dynamique et attractive pour les investisseurs, Barcelone et ses environs génèrent plus de la moitié du PIB de la Catalogne1. Le territoire, marqué par la crise financière de 2008, et longtemps caractérisé par une grande complexité administrative, ponctuée de tensions politiques, s’est doté depuis 2010 d’un échelon intercommunal, l’Aire Métropolitaine de Barcelone (AMB).

En plaçant le développement économique local et la cohésion territoriale au cœur du projet métropolitain, l’AMB permet la mise en œuvre de projets ambitieux d’infrastructures et de services.

To download : innover_localement_pour_financer_les_territoires7.pdf (1.5 MiB)

Bien que la nécessité d’une institution métropolitaine ait été reconnue et esquissée dès les années 19502, les divers organismes métropolitains successifs se sont souvent révélés insuffisants ou peu performants. Adoptée en 2010 par le parlement catalan, la loi 31/2010 pose les bases d’une nouvelle institution, l’Aire Métropolitaine de Barcelone (AMB). Elle vise à optimiser la gestion du territoire (au profil « mondial » depuis les Jeux Olympiques d’été de 1992) et son développement économique, et à faire face aux contextes de crise systémique et de compétitivité accrue entre territoires métropolitains à l’échelle globale. Remplaçant trois institutions métropolitaines aux prérogatives distinctes et au nombre de municipalités variable3, l’AMB se compose aujourd’hui de 36 municipalités et établit une définition unique de la zone métropolitaine sur laquelle elle étend son mandat.

Un échiquier institutionnel efficient : facteur crucial de mobilisation des ressources

Concentrant près de 43 % de la population catalane sur 2 % du territoire, l’AMB récupère les prérogatives historiques des précédentes institutions métropolitaines (aménagement territorial et transport, gestion des déchets, approvisionnement en eau et habitat social) auxquelles s’ajoutent des compétences accrues en matière d’urbanisme, de cohésion territoriale et sociale, de développement économique et de structuration du territoire.

En rassemblant une équipe de 500 professionnels dans une entité unique, elle se veut vecteur d’optimisation de la gestion des ressources et des investissements, de renforcement des capacités et de bonne gouvernance du territoire, pour la mise en œuvre d’une stratégie métropolitaine solidaire, partagée et articulée, et de son rayonnement à l’international.

Les 36 municipalités membres ont un rôle crucial dans le financement de l’institution et son gouvernement. Maires et conseillers élus de chaque municipalité siègent ainsi au Conseil Métropolitain, organe de contrôle des politiques publiques développées, de nomination du président et d’adoption des accords et règlements.

Certaines compétences des municipalités sont également partagées avec et/ou déléguées à l’AMB, ce qui permet d’alléger leurs charges, tout en augmentant la cohérence territoriale et la performance des investissements.

La crise de 2008 a affecté les capacités budgétaires de nombreuses municipalités catalanes, impactant fortement le dynamisme économique de la région. Dans ce contexte, l’existence de l’AMB permet la mobilisation d’un volume important de ressources et la mise en œuvre de projets d’échelle métropolitaine attractifs. L’institution dispose ainsi d’un budget de 606 millions d’euros pour 2014, principalement assuré par des transferts des autres échelons administratifs du territoire métropolitain et régional (45 %, dont plus de la moitié assurée par les municipalités membres) et des taxes publiques instaurées par l’AMB4 (environs 40 %), démontrant sa capacité à catalyser les ressources financières des différents acteurs institutionnels et territoriaux en faveur du projet métropolitain.

Principaux postes de recettes de l’AMB pour l’année 2014
Source : FMDV, 2014 : élaboration d’après données de l’AMB
Principaux postes de dépenses de l’AMB pour l’année 2014
Source : FMDV, 2014 : élaboration d’après données de l’AMB

Le développement économique local et la solidarité territoriale : pivots du projet métropolitain

Au-delà de compétences de gestion des services publics et d’amélioration du cadre de vie des habitants, l’AMB alloue une partie importante de son budget en faveur du renforcement des capacités et de la coopération entre les administrations locales, couplant ainsi investissements pour le développement local, dynamiques de péréquations et efficience de l’action publique locale. A titre d’exemple, le Plan d’investissement 2012-2015 met en place une politique active de péréquation avec des lignes de financement distribuées en proportion directe de la population de chaque municipalité ainsi qu’un budget spécifique dédiées aux municipalités dont le niveau socio-économique est inférieur à la moyenne du territoire métropolitain. Le Plan de stimulation de l’activité économique et de la qualité de vie5, conçu, lui, comme un outil spécifique d’aide à la reprise économique, à la création d’emplois et à l’amélioration de la qualité de vie, s’articule en quatre sous-programmes dédiés au soutien aux entreprises municipales de logement, à la réhabilitation des bâtiments, à l’amélioration des quartiers, des infrastructures et de la compétitivité des secteurs d’activité économique au sein de chaque municipalité6. Financé par la région métropolitaine à hauteur de 160 millions d’euros, ce programme 2012-2015 cible les investissements privés par la réalisation d’un effet de levier, qui permettrait de doubler les investissements effectués par l’AMB et d’avoir de fortes retombées positives sur le territoire. Couplées à une inscription volontariste au sein des réseaux internationaux et des programmes européens, ces stratégies coordonnées ont pour objectif de redynamiser le territoire dans son ensemble, d’asseoir la position institutionnelle de l’AMB et de lui conférer toute sa dimension de métropole globale.

Un bilan prometteur en devenir

Projet économique et politique autant qu’institutionnel, l’AMB a rapidement su démontrer sa capacité à s’organiser, à rassembler des ressources et assurer leur péréquation programmatique, tout en se distinguant comme un acteur fédérateur tant dans l’aménagement du territoire que dans la fourniture des services publics, et comme interlocuteur crédible des autres échelons territoriaux (Generalitat et Diputacio). Simplifiant la carte administrative métropolitaine, et intégrant un éventail de compétences en une institution unique, l’AMB se profile comme un leader territorial efficace et cohérent, générant, pour la première fois, une prise de conscience politique véritable du fait métropolitain, et de son importance, pour capter les opportunités créées par son rayonnement international. Pour le moment, l’institution, très récente, dispose de peu de documents d’évaluation quant aux résultats des plans mis en œuvre depuis 2011 et l’efficacité et le succès des projets inscrits dans le court et long termes, garants de la crédibilité de la structure, sont encore à démontrer.

Mais, indice substantiel, l’AMB est aujourd’hui régulièrement consultée par d’autres métropoles européennes naissantes aux fins de partager son expérience institutionnelle. Aussi, elle produit des données statistiques promouvant l’excellence des dynamiques locales en offrant une perspective de conurbation économique à fort potentiel et valeur ajoutée.

Aujourd’hui, comme pour tout processus métropolitain d’intermunicipalisation, les défis à venir concernent la permanence du soutien politique des acteurs institutionnels locaux (Generalitat, municipalités, Diputacio) et la cohérence des équilibres entre dynamiques de développement de l’économie locale et de compétitivité internationale. Aussi, le choix des critères d’implantation des entreprises et du soutien aux projets de redynamisation posent la question de l’équilibre entre les différentes échelles d’action. Marquant une rupture avec la complexe histoire administrative de la région métropolitaine, l’AMB est aujourd’hui une promesse catalane en passe de s’inscrire comme référence européenne d’organisation et intégration métropolitaines solidaires.

Récapitulatif
d’après FMDV, 2014

Pour agrandir l’image

1 En 2011, la région métropolitaine de Barcelone concentrait 51 % des emplois de la Catalogne et la plupart des secteurs économiques dynamiques de la communauté autonome.

2 La première Commission d’Urbanisme de Barcelone, composée de 27 municipalités, a vu le jour en 1953. La première Corporation Metropolitaine de Barcelone (CMB) a quant à elle été créée en 1974 puis dissoute en 1987

3 L’Entitat Metropolitana de Serveis Hidràulics i Tractament de Residus (EMSHTR), service de gestion de l’eau et des déchets composé de 33 municipalités, l’Entitat metropolitana del Transport (EMT), en charge du transport dans 18 municipalités et la Mancomunitat de municipis (MMAMB) garante de la mise en œuvre du plan de développement métropolitain élaboré en 1976 dans 31 municipalités.

4 Taxes pour le traitement de l’eau et des déchets, supplément à l’impôt foncier, entre autres

5 Pla d’estimul de l’activitat economica i la qualitat de vida

6 A titre d’exemple, ce programme dédie des lignes de financement en faveur de la rénovation des infrastructures des zones industrielles, afin de faciliter l’implantation d’entreprises.

To go further

Informations générales (en catalan) sur le site de l’AMB

Article sur les enjeux de la création de l’AMB Roig i Marti J. et Haro Garcia J.L (2011), La ley del Area Metropolitana de Barcelona, una oportunidad para el territorio, in Hacienda Publica

Article sur les enjeux de la péréquation sur les territoires