Transit 77, une maison d’accueil d’urgence pour femmes

Accueillir les femmes avec ou sans enfants

Pascale Thys, 2009

Contexte et origines du projet

Le Germoir est une entreprise de formation par le travail (EFT) qui, depuis 20 ans, assure la formation de femmes, souvent seules, avec enfants, avec peu ou pas de revenus. Elles viennent en formation en Horeca, couture ou nettoyage, pour une durée maximale de 18 mois. Si cela s’avère important pour la stagiaire, le travail peut continuer avec elle au delà de cette période de subvention de la formation.

Les stagiaires qui participent à ces formations y viennent avec leur lot de problèmes divers auxquels l’équipe du Germoir tente de répondre par de l’accompagnement et éventuellement en les orientant vers d’autres services.

Parmi les problèmes rencontrés, le Germoir a régulièrement été confronté au problème de trouver un logement d’urgence pour ses stagiaires. Les causes qui mènent à cette situation sont diverses mais parmi les principales, il y a les ruptures brutales, des fuites pour coups et blessures, les expulsions pour non-paiement, racisme ou insalubrité.

Désireuse de pouvoir répondre à ce problème récurent, l’équipe du Germoir a lancé un projet pilote de maison d’accueil d’urgence pour femmes dont les portes se sont ouvertes en novembre 2000.

Objectifs

Le Germoir met l’accent sur l’accueil, l’écoute, le soutien et la valorisation des stagiaires. Le projet vise à les amener à plus d’autonomie et plus d’assurance pour concrétiser le désir de changement des stagiaires. L’offre du service de logement d’urgence “ Transit 77 ” s’inscrit dans le projet global d’accueil de la personne dans son ensemble et de tentative de réponde aux problèmes que vivent les stagiaires.

Population concernée

Au départ, “ Transit 77 ” s’adresse exclusivement aux stagiaires du Germoir en difficultés de logement.

Le Germoir s’adresse à des femmes de toutes nationalités, le plus souvent seules ou avec enfants, à partir de 21 ans, confrontées à divers problèmes familiaux, de logement, de revenus, de santé, de souffrance morale, d’emploi et qui désirent explicitement opérer un changement dans leur vie.

Montage financier

Le projet est lancé sur les fonds propres du Germoir. Toutefois, l’association a récolté 900 000 FB de dons qui ont servi à l’équipement et à la maintenance du projet. Une coordinatrice du Germoir explique que “ la maison est équipée de tout ce dont une femme a besoin quand elle débarque d’urgence, sans rien, dans un logement. On y trouve tout l’équipement nécessaire jusqu’à la trousse de toilette d’urgence ”.

Le prix de la nuitée est adapté à la situation de chaque femme.

Partenaires

Dans le cadre de “ Transit 77 ”, un partenaire privilégié est l’association Relogeas qui loue une maison au Germoir, pouvant accueillir simultanément 3 femmes avec deux ou trois enfants.

Créée en mai 1994 par une série d’associations dont “ Quelque chose à faire ” (EFT) et le Germoir, Relogeas a pour objectif d’apporter une réponse au problème de logement de personnes en difficultés. Elle reçoit, loue, achète ou prend en gestion des bâtiments pour en faire des logements d’insertion. Ces logements sont loués à un prix n’excédant pas 20% des revenus du locataire. L’association tente d’arriver à une prise en charge responsable et solidaire des habitations par les locataires.

Déroulement du projet

Lorsqu’une femme, stagiaire au Germoir, se retrouve brusquement sans logement, elle a la possibilité de bénéficier d’un logement d’urgence pour la dépanner. Une assistante sociale prend en charge les demandes et en assure le suivi.

Un forfait journalier, adapté en fonction de chaque situation, est demandé à la stagiaire. Elle doit également accepter de travailler en parallèle avec l’assistante sociale du Germoir, afin de trouver un logement adapté à ses besoins. Il y a un règlement d’ordre intérieur pour la maison du “ Transit 77 ”. En outre, le délai maximum pour rester dans cette maison est, en principe, de trois mois. Il est aussi demandé à la personne de respecter la confidentialité de l’adresse de la maison afin de protéger au maximum les locataires.

Lors de l’installation d’urgence d’une stagiaire, réfugiée de 55 ans, qui était victime de violence de la part de son entourage, deux responsables du Germoir l’ont accompagnée jusque chez elle pour qu’elle puisse récupérer quelques affaires personnelles. Arrivée à “ Transit 77 ”, elle a choisi sa chambre, a déposé ses affaires et, ensemble, les travailleurs et la stagiaire ont débouché une bouteille de bière d’abbaye. “ J’étais fatiguée mais heureuse ” explique-t-elle.

Résultats

Ouverte en novembre 2000, la maison “ Transit 77 ” a accueilli trois femmes. Deux pour de très courtes périodes, une troisième qui est là depuis près de trois mois et qui prolonge encore son séjour d’un mois pour louer un appartement qui se libère dans le courant du mois suivant.

L’initiative est perçue très positivement par les femmes qui ont transité par ce logement.

Pour l’une, âgée de 41 ans, restée une vingtaine de jours, ce logement a permis de faire charnière entre son ancien appartement et une petite maison qu’elle convoitait mais qui ne se libérait qu’après la fin de son bail dans l’appartement.

Une autre femme est propriétaire d’une maison qui, faute de moyens pour l’entretenir, est devenue insalubre. Elle ne tarit pas d’éloge pour le Germoir et son équipe, ni pour le logement d’urgence mis à disposition.

Dans le logement, il y a tout, explique-t-elle. Un peu de nourriture d’urgence, de la vaisselle, une télévision, une vidéo, le téléphone… ” On y trouve une cuisine équipée, ainsi qu’un salon, trois chambres meublées avec tout le linge nécessaire, une salle de bain et une machine à laver. On voit que ce sont des femmes qui ont arrangé la maison, poursuit-elle.

De plus, la personne explique que la maison est idéalement située à proximité des arrêts de bus, des banques, et des commerces.

C’est du social à la hauteur, qui redonne confiance en soi parce qu’on vous fait confiance. Vous êtes digne de confiance. On vous donne la clef de la maison et vous pouvez y entrer immédiatement, dit une hébergée du “ Transit 77 ”. Et c’est un environnement gai, c’est bien pensé .

Efficacité du projet

Sur la courte période écoulée (7 mois), l’efficacité par rapport aux objectifs fixés ne fait pas de doute. Le projet apporte visiblement le coup de pouce visé.

A travers les dires des bénéficiaires, il semble que la valeur du projet tienne aussi dans la confiance que les responsables du service expriment à leur égard par le geste de leur confier la clef d’un logement complètement équipé et de qualité, dans lequel elles se sentent accueillies, presque attendues.

Ce projet tend à offrir un logement de qualité et démontre que ce n’est pas parce qu’une personne est dans une situation de fragilité sociale qu’elle doit n’avoir accès qu’à des logements de qualité médiocre.

Cette maison de transit, par nature, s’inscrit dans un processus au sens d’une trajectoire personnelle. La durée du séjour étant limitée (trois mois maximum), l’accueil s’accompagne d’une aide à la recherche d’une autre solution de logement qui conviendra à la personne.

Difficultés rencontrées

Une difficulté réside dans l’absence de reconnaissance officielle et de subventions pour le projet. Le poids financier du lancement d’un tel le projet est donc une difficulté.

Dans le cadre du lancement du projet, la maison a un taux d’occupation faible qui déséquilibre le budget prévu.

Atouts

Aux dires des bénéficiaires, la confiance des responsables du projet à leur égard est un atout. Il est probable qu’un des éléments qui favorisent la confiance soit la relation qui préexiste entre le service et la stagiaire. Cette relation préexistante et la connaissance des stagiaires permettent aux responsables de confier la clef de la maison “ les yeux fermés ” avec un maximum de garantie.

Un autre atout réside dans la qualité de l’équipement du logement qui donne une image positive de soi-même aux femmes qui utilisent le logement d’urgence. Il apparaît penser par et pour les femmes, avec un certain raffinement.

Une des hébergées exprimait

qu’au Germoir, ce sont des femmes qui dirigent, qui sont à la fois femmes, mères et épouses. Elles sont formées dans le social, éducatrice, et ont de la psychologie. Elles nous montrent qu’on est capable d’arriver et le bâtiment qu’elles occupent en est une preuve. Elles ont mis tout ça en place pour aider les femmes qui n’arrivent pas comme elles. Ce sont des femmes qui savent par quelles étapes passent les femmes. En plus, ici, on est assurée d’avoir une formation sérieuse pour avoir une ouverture vers l’emploi.

Para ir más allá

La fiche a été réalisée à partir d’un entretien avec deux bénéficiaires, une coordinatrice du Germoir et la coordinatrice de Relogeas.

  • Le Germoir

    Rue Monceau-Fontaine 42/03

    6031 Monceau-Sur-Sambre

    Tél. : 071 27 05 40

    Fax : 071 27 05 49

  • Relogeas

    Rue Monceau-Fontaine 42/11

    6031 Monceau-Sur-Sambre

    Tél. : 071 31 40 07

    Fax :071 32 87 40