L’Association de Prévention Intercommunale Citoyenne (APIC) Bagnolet – Montreuil

Une initiative qui démontre la capacité des citoyens à s’emparer d’une problématique complexe et à en apporter des solutions adaptées.

2016

Collectif Pouvoir d’Agir (Pouvoir d’agir)

L’APIC – Association de Prévention Intercommunale Citoyenne – a été créée suite à la mobilisation de parents des quartiers « La Noue » à Montreuil et des « Malassis » à Bagnolet pour répondre à la violence croissante entre les jeunes des deux quartiers.

Cette initiative est une démonstration du message porté par le Collectif Pouvoir d’Agir sur la participation citoyenne. En partant de leurs intérêts et préoccupations principales – l’avenir de leurs enfants et le besoin de trouver une solution aux conflits entre jeunes qui affectaient leurs conditions de vie –, des habitants des deux quartiers se sont mobilisés en 2011 pour trouver ensemble des solutions à un problème majeur, jusque là irrésolu par les autorités locales. Les parents ont organisé des actions qu’ils ont animées eux-mêmes: des réunions entre voisins, des activités ludiques et sportives pour susciter le dialogue avec et entre les jeunes, etc. Ces actions ont permis de transformer concrètement une situation en apaisant les relations entre les jeunes et en responsabilisant l’ensemble des habitants face à la situation dans leurs quartiers. Elles ont aussi établi un dialogue direct avec les institutions (services municipaux et police), pour qui l’APIC est devenue un acteur incontournable. Il s’agit d’un exemple où les institutions ont eu un rôle de facilitation, venant en appui aux actions menées par les habitants et non l’inverse.

Pour le Collectif Pouvoir d’Agir, cette initiative démontre que les habitants d’un territoire, fussent-ils étrangers et de milieux très populaires, ont la capacité et les compétences pour agir et transformer le cadre de vie commun.

Voilà ci-après comment « Le Parisien » rendait compte du chemin parcouru sur un sujet habituellement considéré comme hors de portée des citoyens, celui de la violence.

« Les deux cités fêtent leur réconciliation autour d’un dîner »

Le Parisien, 21 Oct. 2013, consultable en ligne

« Le conflit entre nos deux quartiers est désormais terminé! » Sous les hourras d’une petite foule d’environ 300 habitants, Awa Sanogo, habitante de la Noue à Montreuil et membre de l’Apic (Association de prévention intercommunale Bagnolet-Montreuil), a scellé la réconciliation entre les jeunes de son quartier et ceux des Malassis, à Bagnolet.

Vendredi soir, sur le parvis surplombant l’autoroute A3 qui sépare les deux quartiers, l’Apic organisait son troisième repas intercommunal.

L’association a été créée fin 2010 à l’initiative de parents des deux cités, inquiets des violences à répétition opposant les jeunes des deux camps. Depuis, de l’avis général, la tension est retombée. « C’est fini tout ça, lâche Samba, jeune Montreuillois de la Noue. On ne va pas dire qu’on est devenu amis, mais bon, on vit ensemble… »

Agression au marteau, voitures cassées…

Agression à coup de marteau, voitures cassées, vitrines brisées… : il y a trois ans, les violences avaient pris un tour inquiétant, certains parents redoutant une issue tragique. Brahim Benramdan, conseiller municipal (Front de gauche) à Bagnolet et Véronique Bourdais, maire adjointe (EELV) à la tranquillité publique à Montreuil, avaient alors pris l’initiative d’organiser une rencontre entre les habitants. « Lors du premier repas, on n’en menait pas large, l’ambiance était plutôt froide. Il y avait beaucoup d’angoisse chez les parents et de tensions chez les jeunes, se souvient Véronique Bourdais. Mais tout s’est bien passé et, aujourd’hui, il n’y a pratiquement plus d’échauffourées. »

Aucun chiffre n’est livré officiellement, mais Moussa Saïd, président de l’Apic, n’hésite pas à parler d’une baisse de 20% de la délinquance en deux ans. « J’habite ici et je vois beaucoup moins d’incivilités sur les voitures », confirme Brahim Benradman, qui souligne la bonne coopération entre élus : « Cette année, Montreuil apporte un appui logistique et Bagnolet fournit le repas. L’an passé, c’était l’inverse. » Les maires Marc Everbecq (PCF) et Dominique Voynet (EELV) sont venus saluer cette réconciliation bienvenue à quelques mois des élections municipales, l’édile de Montreuil entamant même une danse africaine endiablée avec des habitants.

A table, Achille, arrivé il y a seulement un an aux Malassis, partage son mafé poulet avec des voisins. « Les relations sont parfois tendues, observe-t-il. Dans le bus 115, qui relie les deux villes, chaque quartier a tendance à se mettre de son côté et à se regarder d’un mauvais œil. J’ai entendu parler d’une bagarre au mois d’août. Mais quand il y a des animations comme aujourd’hui, tout le monde vient ensemble! » « Il faut maintenir cette convivialité, prévient Véronique Bourdais. Il ne faut pas tout arrêter parce que les jeunes ne se battent plus! »

Cette initiative, dont le point de départ était une résolution de crise aigüe, a donné lieu depuis à la création d’une association qui développe une université populaire, organise des débats, mène des actions d’insertion en direction des jeunes…

Références

  • Collectif Pouvoir d’agir, 2016, « La mobilisation des parents de Montreuil et Bagnolet », interview de M. Saïd (Président de l’APIC) et M. Balde réalisé dans le cadre du MOOC Démocratie Participative, CNFPT.

  • « Les deux cités fêtent leur réconciliation autour d’un dîner », Le Parisien, 21 octobre 2013.

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