L’expérience du « Land sharing » à Phnom-Penh

Sabrina Ouellet, 2009

Cette fiche dresse une analyse critique d’une stratégie de régularisation foncière d’une urbanisation de fait sur terrains d’autrui en tentant de trouver un compromis entre les intérêts des propriétaires et des squatteurs.

Le présent travail vise à mesurer l’impact du land sharing sur les populations bénéficiaires à Phnom Penh, au Cambodge. Le land sharing constitue un outil de développement urbain, expérimenté en Thaïlande, en Indonésie et en Inde, permettant le relogement in situ de citadins qui résident sur un terrain de manière informelle. Dans le cadre d’une opération de land sharing, le propriétaire conserve la partie la plus avantageuse du site et la plus petite portion sert à reloger les occupants informels. Grâce à ce mécanisme, ceux-ci peuvent jouir d’une tenure foncière en conformité avec le cadre juridique en vigueur. En vertu du peu de données disponibles relatives aux conséquences des projets de land sharing sur les personnes concernées, notre recherche traite des répercussions des programmes de régularisation foncière sur les populations pauvres. Nous nous intéressons aux garanties offertes à ces dernières, suite à la normalisation de leurs droits sur le sol.

Parmi les sujets abordés à l’intérieur de notre recherche, nous retrouvons: les transformations successives du régime foncier cambodgien à travers l’histoire, l’évolution de la capitale de Phnom Penh depuis l’ère royale, les conséquences de la privatisation du patrimoine foncier du pays, les évictions liées aux forces du marché, le contexte de spéculation foncière, etc.

Nous posons comme hypothèse de travail que le land sharing ne garantit pas systématiquement aux populations ciblées une meilleure sécurité de tenure. Dans le but de vérifier cette dernière, nous nous penchons sur les effets provoqués par le transfert de droits fonciers réels à des citadins en situation irrégulière.

Les principaux résultats observés nous démontrent que maints nouveaux détenteurs de titres de propriété vendent ces derniers et se retrouvent en situation de précarité et d’exclusion.

Le land sharing, analysé dans le contexte cambodgien, s’avère en somme inadapté pour répondre aux besoins des populations vulnérables en matière d’accès au sol et au logement. Il se révèle également inefficace pour les prémunir contre les nombreux risques d’évictions, justifiées au nom du développement.

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