Paysage et loisir

Dimensions du Paysage - Réflexions et propositions pour la mise en oeuvre de la Convention européenne du paysage

Niek Hazendonk, Marlies Brinkhuijsen, Chantal de Jonge, Hugo de Jong, Dirk Sijmons, avril 2017

La Convention européenne du paysage (STE no 176) du Conseil de l’Europe constitue un traité international novateur qui permet de définir une approche du territoire tenant compte de la dimension du paysage, c’est-à-dire de la qualité du cadre de vie des individus et des sociétés. Elle inscrit également cette dimension dans les préoccupations de l’Organisation concernant les droits de l’homme et la démocratie, en invitant ses États membres à associer étroitement les populations à toutes les étapes des politiques du paysage. Le Conseil de l’Europe a poursuivi le travail entrepris dès l’adoption de la convention par le Comité des Ministres du Conseil de l’Europe à Strasbourg et son ouverture à la signature à Florence en 2000, afin d’examiner et d’illustrer certaines thématiques liées au texte de la Convention, certaines « dimensions du paysage ». Les loisirs, sous toutes leurs formes, ont un impact fort sur le paysage et cette étude apporte les pistes innovantes pour une meilleure gestion et aménagement des infrastructures dans le respect du paysage pour le bien-être de tous.

INTRODUCTION

Le tourisme a un impact considérable sur notre paysage, et la relation entre ces deux éléments ne doit pas être sous-estimée : elle mérite d’être étudiée au niveau européen. Comme l’affirme la Convention européenne du paysage, il est de la responsabilité de l’ensemble de ses États parties de maintenir des paysages sains et divers pour le bien-être de tous. Pour y parvenir, il importe d’orienter l’industrie du tourisme et des loisirs et d’aménager les paysages en ce sens. La notion de loisir est un concept large revêtant plusieurs sens selon, notamment, la culture ou le contexte considérés. Le présent rapport met l’accent sur le tourisme international, mais cela ne signifie pas que le tourisme national, les activités de plein air et les autres formes de loisirs prenant place dans le cadre quotidien soient moins importants. Si ces activités ont de nombreux points communs, elles présentent également de grandes différences. De même, tous les types de loisirs sont interconnectés, que ce soit sur le plan fonctionnel, économique ou autre. Les paysages et les infrastructures utilisés pour les différents types de loisirs se chevauchent et s’imbriquent. Aux Pays-Bas, pour chaque euro dépensé par un touriste international, deux euros sont dépensés au niveau national. Le mot « tourism » a fait son apparition dans l’Oxford English Dictionary en 1811, mais cette activité humaine est beaucoup plus ancienne. Au temps des Grecs de l’Antiquité, des voyageurs comme Hérodote ont visité de nombreux lieux et pays et ont fait le récit de leurs expériences. Les Romains se sont rendus en Égypte et en Grèce pour visiter des sanctuaires ou des thermes et pour découvrir de nouveaux horizons exotiques. Plus tard, au Moyen Âge, les voyages ont eu une finalité essentiellement religieuse : pèlerinages vers les lieux saints à Rome, Saint-Jacques-de-Compostelle et Canterbury, parfois à travers des continents entiers.

Après la Renaissance, les gens ont commencé à voyager en plus grand nombre pour le plaisir, dans un but éducatif ou pour acquérir des connaissances. Les jeunes aristocrates faisaient le Grand Tour de l’Europe après avoir achevé leurs études pour se familiariser avec les cultures étrangères. Pendant ce tour d’une durée de deux à trois ans, les jeunes gens se rendaient généralement de Londres en Italie, en Grèce ou en Égypte en passant par Paris. On pourrait dire que ces premiers « voyages organisés » ont marqué le passage d’une société statique vers une société mobile. Au début du XIXe siècle, de nombreuses personnes travaillaient jusqu’à l’épuisement, dix-huit heures par jour, six jours par semaine, sans aucun jour de congé. Il y avait peu de temps pour les loisirs. Seules quelques personnes avaient le temps et les moyens de se reposer, de se divertir et de voyager. Les loisirs et le tourisme étaient le privilège d’une petite élite. Mais les temps ont changé. Avec l’adoption de la semaine de travail de cinq jours et des congés payés, la hausse des revenus et le développement de moyens de transport abordables (voitures privées, avions gros porteurs et compagnies aériennes à bas coûts), les loisirs et le tourisme sont devenus à la portée de la majorité des habitants des pays développés. En Europe, le temps libre moyen a progressivement augmenté, pour atteindre quatre à six heures par jour (Aliaga, 2006), et une large gamme de possibilités de loisirs et d’offres touristiques est désormais accessible dans la société contemporaine. L’ère du tourisme organisé a débuté en 1841 avec l’exceptionnelle excursion en train organisée par Thomas Cook entre Leicester et Loughborough. L’explosion du voyage et du tourisme au cours des cinquante dernières années pourrait être comparée, pour ce qui est de son impact, à la révolution industrielle.

On peut distinguer quatre manières d’utiliser le paysage à des fins touristiques :

Bien qu’essentiellement passé dans et à proximité de son logement, les effets de l’augmentation du temps libre se font sentir bien au-delà du cadre de vie quotidien. Depuis la fin du XIXe siècle, les centres-villes, les zones périurbaines et les paysages pittoresques sont devenus des paysages de loisirs et des paysages touristiques, aussi bien sur le plan fonctionnel que du point de vue de la perception que l’on en a. Les zones côtières et alpestres ont été transformées en complexes touristiques de masse, les centres-villes et les espaces désaffectés ont été réaménagés pour en faire des lieux de divertissement urbains et les paysages ruraux ont été progressivement transformés en paysages résidentiels « rurbains », offrant de nombreuses attractions et infrastructures de loisirs. De nombreuses économies régionales sont devenues largement dépendantes des loisirs et du tourisme. Dans d’autres régions, l’impact des loisirs et du tourisme est moins flagrant et, en l’absence d’infrastructures et d’attractions qui leur sont destinées, les paysages paraissent inchangés. Pourtant, ils sont, dans l’usage que l’on en fait et dans la manière dont on les perçoit, clairement voués aux loisirs et au tourisme.

Le souhait qu’une personne a de visiter un environnement particulier (paysage) résulte d’une construction sociale et est donc, par nature, sujet à changement et à variation (Urry, 1995). « L’évolution de la perception de ce qui est considéré comme un paysage désirable est liée à l’évolution sociale et culturelle de la société dont les touristes sont originaires » (Holden, 2000). Par exemple, au milieu du XVIIIe siècle, on a observé une préférence croissante pour les paysages romantiques et pittoresques. « Les paysages autrefois à la mode étaient ceux des Pays-Bas, parce qu’ils témoignaient de la capacité humaine à dominer la nature pour fournir des terres agricoles productives » (Holden, 2000). Au XIXe siècle, la beauté sublime des paysages sauvages de montagne ou du littoral a gagné la préférence des touristes. C’est ainsi que les Anglais ont développé l’alpinisme et ont jeté les bases du tourisme alpin. Par ailleurs, lorsque l’on observe l’impact des loisirs et du tourisme sur les paysages européens, des différences régionales apparaissent. En effet, le climat, les traditions, la présence d’attractions culturelles et naturelles, le contexte sociopolitique, la position géographique et d’autres facteurs déterminent l’apparence du paysage, son utilisation et le sens qui lui est donné.

1. ÉVOLUTION DES LOISIRS ET DU TOURISME

La nature et l’importance des loisirs et du tourisme ont considérablement changé au cours des dernières décennies et le tourisme international s’est développé de façon spectaculaire depuis cinquante ans. Le tourisme est devenu extrêmement dynamique dans toutes ses dimensions, notamment dans sa nature et s’agissant des lieux concernés. L’amélioration des infrastructures, la possession de voitures particulières, l’aviation et la meilleure coordination des systèmes de transport ont accru le rayon d’action des personnes. La demande de loisirs et de tourisme à l’échelle mondiale continue de dépasser les attentes et de croître, en dépit des crises récentes. Les loisirs et le tourisme sont devenus des activités économiques majeures qui contribuent fortement aux économies nationales et aux taux d’emploi. La culture de la consommation, fondée sur une circulation accrue de marchandises, a permis aux industries des loisirs en expansion de développer et de diversifier leur offre. La gamme des produits et des activités de loisirs et de tourisme est toujours plus diverse et évolutive (Mommaas et al., 2000 ; Meethan, 2001). Les produits, les services et les lieux ne sont plus évalués et choisis essentiellement pour leur valeur fonctionnelle, mais pour leur valeur symbolique et expérientielle. La valeur expérientielle attendue des produits et des activités tend à être dominante (Metz, 2002). Le temps libre n’est plus considéré comme du temps à perdre pour se détendre, mais comme du temps devant être utilisé pour vivre une expérience exceptionnelle. D’où une demande de satisfaction garantie. Les offres traditionnelles (soleil, mer, plaisir, ou se promener tranquillement à la campagne) ne suffisent plus. Les consommateurs sont devenus très exigeants. Il leur faut désormais des biens et des services de qualité et des expériences uniques et mémorables. En conséquence, les industries de loisirs et les pouvoirs publics, confrontés à une concurrence croissante pour attirer les consommateurs, ont créé des infrastructures de tourisme et de loisirs toujours plus spectaculaires et ont transformé les paysages. Cependant, cette tendance à intensifier, élargir, multiplier ou accélérer les expériences est contrebalancée par une aspiration inverse valorisant la modestie, la décélération, le calme et la relaxation complète.

Figure 40 : Tourisme : croissance actuelle et prévisions (Source : www.world-tourism.org/facts/menu.html )

La diversification des modes de vie, des valeurs et des attitudes fait que le comportement des consommateurs et des voyageurs est toujours plus difficile à prédire. Ils tendent cependant à privilégier, d’une part, les grands acteurs du tourisme mondial et, d’autre part, les acteurs régionaux, délaissant les offres intermédiaires (Nordin, 2005). Les petits voyagistes indépendants prospèrent dans des niches de marché très spécialisées. Au Royaume-Uni, par exemple, il existe une forte demande pour des séjours de randonnée, de cyclisme et de golf (Mintel International Group (2006), analyste de voyage et de tourisme). Parmi les nouvelles valeurs et attitudes susceptibles d’avoir un impact sur le tourisme, le Conseil anglais du tourisme a mentionné la recherche croissante de produits plus authentiques : la nostalgie, les racines, les autres cultures et l’identité suscitent de plus en plus d’intérêt, tout comme les activités spirituelles et intellectuelles (Veer et Tuunter, 2005). Malgré la crise, le tourisme rural reste un segment en progression. Cette croissance est due au développement de nouveaux marchés touristiques et à l’évolution des économies résultant de la construction européenne. Dans la pratique, le tourisme rural correspond à des formes de loisir et de tourisme de faible ampleur et discrètes (Veer et Tuunter, 2005). Parmi les autres secteurs en expansion figure le tourisme de la santé et de la forme, qui s’inscrit dans une tendance sociétale plus large, accordant toujours davantage de valeurs au bien-être et à l’équilibre. Avec l’augmentation des richesses et du bien-être, cette forme de loisir a acquis une importance croissante. Si le tourisme de la santé existe depuis longtemps et s’il est populaire dans de nombreuses régions européennes (de montagne), il représente aujourd’hui un segment de marché plus large (Nordin, 2005). Les loisirs et le tourisme changent également avec l’arrivée de nouveaux groupes de consommateurs : un nombre croissant de citadins, de seniors dynamiques et aisés et de touristes issus de marchés en pleine croissance comme l’Europe centrale et orientale ou le groupe des pays « ABRIC » (Brésil, Russie, Inde et Chine). L’amélioration des niveaux d’éducation a créé un intérêt pour des formes de divertissement plus complexes, qui privilégient « l’exploration active » par rapport à la consommation passive. Dans le même temps, les gens recherchent de plus en plus des plaisirs simples, qu’ils espèrent trouver à la campagne, comme « la paix et la tranquillité », « l’espace », « l’authenticité », « la nature » et « la santé ». Du fait de la mobilité croissante des personnes et de la baisse des prix, des destinations nouvelles et différentes sont devenues accessibles. Et, à mesure que l’accessibilité des lieux augmente, la distinction entre loisirs ordinaires et destinations touristiques diminue. De plus, du fait de la concurrence et de la mondialisation du marché, ainsi que des exigences élevées des consommateurs, la qualité est devenue un facteur de différenciation majeur. Ainsi, des lieux reculés proposant une offre touristique de qualité, variée et sûre seront préférés à une offre de proximité médiocre. Les destinations traditionnellement populaires ne s’imposent plus comme une évidence ; si la qualité proposée est inférieure et qu’aucune mesure n’est prise, leur déclin est inévitable.

2. LOISIRS ET TOURISME EN TANT QUE MOTEURS DU DÉVELOPPEMENT RÉGIONAL ET DE L’AMÉNAGEMENT DU PAYSAGE

Du fait de leur importance économique, les loisirs et le tourisme sont de plus en plus perçus comme apportant une contribution essentielle aux économies régionales actuelles et futures et à leurs paysages. En effet, l’isolement, la rudesse du climat, l’inaccessibilité des terrains sont autant d’obstacles à la viabilité économique de l’agriculture dans de nombreuses régions. Ainsi, les loisirs et le tourisme peuvent apporter aux communautés en difficulté des solutions de remplacement pour subsister. La beauté pittoresque ou naturelle devient, même si elle l’a toujours été, un atout important pour le développement des loisirs et du tourisme. Une identité culturelle et des traditions fortes et vivantes peuvent également contribuer au potentiel touristique d’une région (Communautés européennes (2003) ; Jouen M. (2000)). C’est ainsi que des lieux abandonnés, hostiles ou interdits d’accès sont transformés en destinations de loisirs attrayantes dans l’objectif de créer des emplois et d’attirer de nouveaux résidents. Dans les régions où la place dominante de l’agriculture est menacée par l’urbanisation, des processus de transformation et de diversification peuvent également être observés. Dans les zones rurales, l’agriculture est de plus en plus concurrencée par d’autres activités et fonctions qui veulent se faire une place à la campagne. Les entrepreneurs doivent faire face à une concurrence accrue et à de nouvelles exigences s’agissant de la qualité des produits, des procédés de production, de la santé et du bien-être des végétaux et animaux et de l’environnement. De leur côté, les zones rurales sont en demande de logements et d’activités de loisirs, ce qui crée à son tour de nouvelles possibilités de développement socio-économique (Veer et Tuunter, 2005). Les loisirs et le tourisme sont considérés comme un support économique important pour les économies rurales futures. La combinaison de tous ces processus est source de de changements majeurs à l’échelle locale, régionale, nationale et internationale. En effet, les loisirs et le tourisme ont fortement contribué à la modification des paysages européens. Il s’agit d’un phénomène complexe et multidimensionnel influencé par diverses forces économiques, socioculturelles et autres. Selon le contexte, ces forces sont utilisées de diverses manières, avec des effets positifs et négatifs. Certains paysages deviennent temporairement attractifs, l’objectif étant de générer des profits économiques à court terme, tandis que d’autres se révèlent durablement beaux, attrayants et imaginatifs. Bien souvent, les loisirs et le tourisme peuvent être comparés à des parasites, consommant la vie, l’espace et le sens sans aucun égard. « De par le simple volume de ses flux géographiques et l’impact de sa présence, le tourisme constitue un facteur de modification très efficace du paysage » (Terkenli, 2002). « Le paysage préexistant est soit fortement modifié (comme dans le cas de l’aménagement du patrimoine dans les zones urbaines), soit entièrement détruit (comme dans le cas de la construction de parcs à thème Disney) ». Cependant, les loisirs et le tourisme peuvent aussi conférer de nouvelles qualités aux paysages et contribuer à leur développement durable en créant une relation symbiotique génératrice de bénéfices mutuels. Et il s’avère bien souvent que les effets positifs et négatifs sont simplement les deux faces de la même médaille : les populations et les régions bénéficient des infrastructures de loisirs et de tourisme, mais celles-ci ont un prix. C’est pourquoi le développement de ces activités doit être soigneusement planifié afin de bénéficier durablement aux populations et aux paysages. À cette fin, les stratégies de « développement durable » visent à développer des approches plus équilibrées.

Si certains paysages sont devenus des zones de tourisme monofonctionnelles, d’autres ont absorbé les activités de loisirs et touristiques en conservant leur caractère d’origine. Certains endroits sont des destinations populaires depuis des décennies, voire des siècles, tandis que d’autres viennent de faire leur apparition sur la scène touristique. Cependant, « une dépendance excessive au tourisme, en particulier au tourisme de masse, comporte des risques considérables pour les économies et pour les paysages. Il suffit d’une récession économique, d’une catastrophe naturelle ou d’une modification des formes du tourisme pour que cela ait des effets dévastateurs sur le secteur du tourisme local » (PNUE-DTIE, 2002). Par exemple, la mer du Nord a été fortement concurrencée par la mer Baltique après la chute du rideau de fer.

La campagne anglaise a gravement souffert de la fièvre aphteuse. En effet, afin de contrôler la propagation de la maladie, le droit de passage sur les propriétés privées a été interdit au public. Comme les randonneurs jouent un rôle vital dans l’économie rurale britannique, cette interdiction a gravement nui à la popularité de régions telles que le Lake District (www.ramblers.org.uk). Quoi qu’il en soit, les zones de tourisme de masse, les paysages pittoresques, les villes et les régions fortement urbanisées, soit toutes les principales destinations de loisirs et de tourisme d’Europe, connaissent d’importants changements.

3. TYPOLOGIE RÉGIONALE DES PAYSAGES EUROPÉENS

La Recommandation Rec(2002)1 du Comité des Ministres du Conseil de l’Europe aux États membres sur les Principes directeurs pour le développement territorial durable du continent européen utilise une typologie pour décrire et analyser les différentes évolutions et approches observées sur le vaste territoire européen – montagnes, régions côtières et insulaires, zones urbaines… Dans le présent rapport, ce sont plus ou moins les mêmes territoires ou paysages qui sont utilisés pour les descriptions. Ce faisant, il suit le modèle de l’étude européenne sur le paysage et les loisirs intitulée Greetings from Europe : landscape and leisure (Hazendonk, 2008).

3.1. Les zones de tourisme de masse

Outre les villes, qui attirent de nombreux touristes, les régions côtières ou montagneuses sont les paysages touristiques les plus populaires. Une grande partie de ces paysages ont été complètement transformés et adaptés pour le tourisme et consistent en des agglomérations de stations touristiques de masse. Dans ces stations touristiques, l’amusement, le shopping et les activités sociales sont passés au premier plan, au détriment des qualités paysagères à l’origine de ces aménagements touristiques, devenues secondaires. Les magasins de souvenirs, les parcs à thème, les discothèques et les marinas accueillant de luxueux yachts sont devenus les principales attractions, faisant oublier les plages et les ports de pêche pittoresques.

Les côtes, les îles et les montagnes – et en général les destinations possédant des ressources naturelles attractives – demeurent particulièrement propices au développement du tourisme. En conséquence, certains lieux populaires soumis au tourisme de masse ont connu des dégradations parfois irréversibles (AEE, 2007). Dans les stations touristiques alpines, ce ne sont plus les pistes de ski, mais ce que l’on appelle « l’après-ski », qui semble être désormais l’attraction principale. La consommation accrue dans les zones touristiques de masse pèse lourdement sur des ressources naturelles déjà limitées. Les conséquences environnementales du tourisme sont les suivantes : occupation des terres, fragmentation de l’habitat, perte de biodiversité, surutilisation de l’eau et de l’énergie, et nécessité de mettre en place des installations supplémentaires d’élimination des déchets et d’évacuation des eaux usées. De même, les zones entourant les ports sont souvent soumises à une pression considérable.

L’eau douce est l’une des ressources les plus sollicitées. L’utilisation personnelle excessive et l’augmentation du nombre d’infrastructures telles que les piscines et les terrains de golf créent une pénurie d’eau douce, surtout dans les régions les plus sèches et sur les petites îles. En termes de consommation d’eau, chacun sait que les touristes consomment davantage que les résidents. À Majorque, par exemple, selon le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE, 2004), la consommation quotidienne moyenne d’eau est de 440 litres pour un touriste contre 250 litres pour un résident habitant dans une zone urbaine et 140 litres pour un résident habitant dans une zone rurale. Aux Baléares, du fait de cette situation, le niveau de la nappe phréatique a baissé de plus de 90 mètres depuis 1975 (www.iucn.org). Une étude comparative menée dans une centaine d’établissements d’hébergement d’Europe de l’Ouest et d’Europe centrale (Hamele et Eckardt, 2006), a révélé que la consommation moyenne d’eau pour une nuitée dans un hôtel s’élevait à 394 litres, pour une valeur de référence de 213 litres, et que la consommation moyenne d’eau pour une nuitée dans un camping était de 174 litres pour une valeur de référence de 96 litres. Des écarts similaires entre valeurs moyennes et valeurs de référence ont été enregistrés pour la consommation d’énergie : 77,2 kW/h par nuitée dans un hôtel pour une valeur de référence de 30 kW/h, ce qui montre qu’il est possible de moins consommer et d’exercer une moindre pression sur les ressources locales.

Les touristes, lorsqu’ils sont nombreux, produisent également de grandes quantités de déchets et beaucoup de petites localités ont de plus en plus de difficultés à faire face à ces montagnes de détritus. À Majorque et à Ibiza, qui sont de relativement petites îles, les autorités ont dû mettre en place une taxe de séjour pour financer le traitement des déchets générés par les millions de touristes qui se rendent chaque année sur ces îles (UICN, 1996). En 1994, la Fédération internationale des touropérateurs a réalisé une étude intitulée ECOMOST, portant sur le développement et l’impact écologique et économique du tourisme sur Majorque au cours des quarante dernières années (Selwyn, 1994). Le cadre de l’étude a ensuite été transposé sur Rhodes, une autre île de la Méditerranée qui, à la différence de Majorque, était alors sur le point de développer un tourisme intensif. L’identité locale et régionale est souvent peu respectée par les complexes touristiques. Les stations de ski de toute l’Europe sont construites sur le modèle générique des chalets alpins, sans tenir compte des styles de construction traditionnels et des subtiles spécificités architecturales locales. Certains paysages de qualité ont toutefois été créés, comme la station de ski de Flaine, conçue par Marcel Breuer dans un style moderniste.

3.2. Les côtes

Le bord de mer étant la destination favorite de la plupart des Européens, de lourdes pressions sont exercées sur les régions côtières et les îles. C’est historiquement sur la Côte d’Azur et sur les côtes espagnoles (Costa del Sol et Costa Brava) que, soutenues par le développement de la classe moyenne européenne, les constructions et les infrastructures touristiques (hôtels, résidences secondaires, appartements, activités de loisirs, commerces et marinas) ont commencé à empiéter sur le littoral. Mais ce modèle de développement a été appliqué dans d’autres régions côtières comme la Bretagne, le sud de la Baltique, les bords de la mer Noire (AEE, 2006) et plus tard la Turquie. En Italie, par exemple, 43 % de la côte est entièrement construite.

Les régions côtières offrent souvent le plus grand nombre de lits, sachant que le nombre de lits par habitant (intensité du tourisme, généralement exprimée pour 100 habitants) est un indicateur de la capacité d’hébergement qui met en lumière les pressions socio-économiques potentielles. Dans l’Union européenne des vingt-cinq, parmi les dix régions présentant les valeurs les plus élevées, figuraient six îles ou régions côtières (COR, 2006) : les Baléares en Espagne (52,5 lits pour 100 habitants), les îles du sud de la mer Egée en Grèce (49), la Corse en France (42,3), les îles Ioniennes en Grèce (34,6), l’Algarve au Portugal (33,3) et la province de Zeeland aux Pays-Bas (30,1). La construction de lieux d’hébergement, d’infrastructures et d’autres équipements touristiques a modifié les paysages, entraînant de graves conséquences comme la dégradation de l’environnement et la détérioration des écosystèmes côtiers et alpins. Il en va de même des activités touristiques : l’utilisation intensive et non durable d’écosystèmes vulnérables comme les zones marines et côtières et les régions alpines contribue à la perte de la biodiversité et à l’érosion. Les Alpes, par exemple, génèrent 12 % du chiffre d’affaires du tourisme mondial. Cependant, les 40 000 kilomètres de pistes de ski créées pour le tourisme l’ont été au prix d’une importante déforestation et d’une grave érosion. L’adaptation au changement climatique pourrait encore accroître l’impact du tourisme sur l’environnement. En effet, avec la diminution du nombre de domaines offrant une couverture neigeuse suffisante (66 % dans les Alpes, dans le pire des scénarios), le tourisme hivernal pourrait exercer une pression accrue sur l’environnement (In’t Veld et al., 2006). La biodiversité souffre également du fait que les touristes piétinent et perturbent la nature (In’t Veld et al., 2006). Outre le fait qu’il pèse lourdement sur les ressources naturelles, le tourisme exerce également une pression socio-économique. En effet, de petites localités accueillent un nombre de visiteurs qui dépasse de loin le nombre de leurs habitants. Dès lors qu’une localité devient plus attractive pour les touristes, le coût de la vie quotidienne et le prix de l’immobilier augmentent, la rendant souvent inabordable pour les personnes qui y ont grandi. Le développement du tourisme peut créer un contraste saisissant entre de luxueuses enclaves touristiques prospérant au milieu de la plus grande pauvreté, et nuire ainsi aux relations entre hôtes et visiteurs. De plus, la dépendance au tourisme est source de grande vulnérabilité pour les régions concernées. Parallèlement à ce tourisme (potentiellement) destructeur, il existe aussi des stratégies de développement touristique responsable. Par exemple, sur l’île canarienne de Lanzarote, l’artiste César Manrique a encouragé le développement d’un tourisme fondé sur la capacité environnementale et l’identité locale. Il a bataillé pour que des couleurs et des matériaux traditionnels soient utilisés pour les constructions et pour que les hôtels bâtis en hauteur soient interdits sur l’île. Aujourd’hui, afin d’actualiser ce modèle ancien, un nouveau plan d’aménagement du territoire est en cours de mise au point pour Lanzarote, afin de favoriser le développement durable de l’île et de son tourisme. Car l’économie de l’île, et donc son paysage, repose sur le tourisme. Le plan d’aménagement du territoire appliqué à Minorque pourrait servir d’exemple pour celui de Lanzarote ainsi que pour d’autres îles.

Les zones de tourisme de masse les plus susceptibles d’être modifiées sont celles qui se concentrent sur un segment de marché étroit. Par exemple, la plupart des stations balnéaires côtières cherchent à attirer un tourisme de masse en se concentrant sur les segments de marché situés à l’extrémité basse de l’échelle socio-économique.

Si le prix a longtemps primé sur la qualité, les temps ont changé. Le soleil, la mer et quelques divertissements ne suffisent plus au touriste averti, qui recherche une offre de qualité et plus variée. Cette évolution a entraîné une diversification des loisirs et du tourisme, créant des segments nouveaux et différents, comme le sport et l’aventure, la culture, le bien-être et la nature. La tendance est aujourd’hui à l’exploitation et à l’aménagement de l’arrière-pays des principales destinations touristiques, afin de répondre aux besoins et aux souhaits actuels et de compenser la baisse des dépenses.

3.3. Les villes et les régions urbanisées

L’utilisation et l’aménagement des paysages à des fins de loisirs sont intrinsèquement liés au phénomène d’urbanisation. Le modèle physique de la croissance urbaine que connaît l’Europe est essentiellement celui de l’étalement urbain. Cependant, toutes les villes ne sont pas en expansion. Certaines régions connaissent au contraire un rétrécissement urbain, notamment les régions postsocialistes d’Europe centrale et orientale et en particulier l’ancienne Allemagne de l’Est. L’effondrement des industries, incapables de faire face à un marché mondial extrêmement concurrentiel, a entraîné un chômage élevé, forçant la population à partir. Dans les prochaines décennies, de plus en plus de régions seront confrontées à un tel rétrécissement.

La plupart des activités de loisir prennent place dans un cadre urbain. En effet, les « citadins préfèrent les zones urbaines à la campagne, non seulement en général mais aussi pour les loisirs de plein air » (Harms, 2006). Même pour les loisirs de plein air, la marche et le cyclisme, environ les deux tiers des activités sont exercées dans des zones urbaines. Aux Pays-Bas, 90 % des activités de plein air ont lieu en ville (Dagevos et al., 2004) ; les jardins publics, les parcs et les parcs forestiers représentent un cadre de loisirs très populaire. Cependant, de nombreuses villes manquent fortement d’espaces verts destinés aux loisirs et les citadins ne sont généralement pas prêts à se déplacer sur de longues distances pour des activités de loisir régulières. En conséquence, la pression exercée sur les zones périurbaines est forte. Les paysages culturels et naturels attractifs situés dans le voisinage des zones urbaines sont de plus en plus aménagés pour répondre aux besoins et aux souhaits de loisirs des citadins. Si l’agriculture ou la nature continuent de dominer ces paysages, leur caractère est pluriel et divers. Lorsque les paysages agricoles situés à proximité des zones urbaines sont jugés peu attrayants ou inadaptés pour accueillir de nombreux visiteurs, des aires de loisirs, des parcs forestiers, des terrains de golf et d’autres espaces de loisirs de plein air sont aménagés sous forme d’enclaves ou en les imbriquant dans d’autres utilisations de l’espace. À l’échelle du paysage, la plupart des métropoles européennes ont développé plusieurs systèmes d’espaces verts, prenant le plus souvent appui sur les forêts urbaines (Konijnendijk et al., 2005). Il existe une typologie des systèmes d’espaces verts, comme le modèle en forme de doigts (Copenhague et Amsterdam), le poumon vert (Pays- Bas) ou la ceinture verte (Londres). La plupart des capitales possèdent une forêt urbaine célèbre, datant parfois de plusieurs siècles (Paris, Berlin, Bruxelles et Londres), parfois du siècle dernier (le Bos d’Amsterdam ou le Parque Monsanto de Lisbonne).

En revanche, pour des activités de loisirs non régulières ou occasionnelles, les personnes acceptent des déplacements plus longs et sur de plus longues distances. Du point de vue de l’offre, cela signifie que la zone d’attraction des infrastructures touristiques et de loisirs a augmenté. Les grands parcs d’attraction comme Eurodisney en France ou Europa Park en Allemagne n’ont pu prospérer que grâce à la mobilité accrue des populations et au fait qu’elles ont pris l’habitude de partir en vacances plus d’une fois par an.

Ces attractions de masse sont généralement situées à proximité de zones métropolitaines. Les villes et les parcs à thème profitent de leur présence mutuelle et de leur facilité d’accès. Les villes sont également des destinations touristiques très prisées. Elles sont particulièrement appréciées pour des séjours de courte durée parce qu’elles concentrent de nombreuses attractions et manifestations. À Londres, 30 % des billets de théâtre sont achetés par des touristes, qui représentent la moitié des visiteurs des attractions londoniennes. Les divertissements commercialisés étant devenus indispensables aux économies urbaines, la revitalisation urbaine est devenue essentielle à leur fonctionnement et à leur survie (Hannigan, 1998). En 2004, le tourisme urbain représentait 38 % du tourisme émetteur européen. L’Allemagne et le Royaume-Uni sont les deux premiers marchés sources du tourisme urbain européen et Paris et Londres en sont les destinations favorites. La croissance explosive des compagnies aériennes à bas coûts a aussi fortement contribué au développement du tourisme urbain. De nombreuses villes autrefois inaccessibles sont aujourd’hui aisément joignables pour un week-end ou de courtes vacances et se font désormais directement concurrence au niveau national pour attirer les amateurs de courts séjours. En France, par exemple, le taux de croissance moyen du tourisme est d’environ 2 %, mais il est de 9 % pour Paris. Les paysages non urbains sont également influencés par cette tendance. Par exemple, l’accès à la Costa Brava s’effectue par Gérone, qui est un aéroport utilisé par les compagnies à bas coûts. Les courts séjours urbains permettent également de faire découvrir ou redécouvrir certains paysages et régions et favorisent l’essor économique et touristique de ces dernières.

Les résidences secondaires

Il est de plus en plus populaire de posséder une résidence secondaire, dans son pays d’origine ou à l’étranger, la plupart des résidences secondaires étant acquises à des fins de loisirs.

« La proportion de résidences secondaires dans l’Union européenne varie considérablement, la plus forte concentration se trouvant dans les pays du sud de l’Europe en raison aussi bien de la forte demande locale que de l’attrait présenté par ces derniers en tant que destinations de vacances classiques. Dans des pays comme la Grèce, l’Italie, la France et l’Espagne, entre 10 et 15 % du parc immobilier est constitué de résidences secondaires. Bien que le sud de l’Europe soit mieux connu pour ses résidences secondaires, il en existe également une forte proportion en Europe du Nord en raison du nombre de pays riches dans la région. (…) Les pays du Nord et de l’Est ont leurs propres traditions de résidences secondaires, datchas et maisons de vacances. L’attrait pour les résidences secondaires ira certainement en grandissant sur le long terme en raison des vols peu onéreux et d’un moindre coût de la vie à l’étranger » (Ball, 2005).

Une grande partie des résidences secondaires rurales d’Europe semble être située sur les côtes, notamment en France, en Grèce et en Espagne (Gallent, 2006). Par ailleurs, la distance entre la résidence principale et la résidence secondaire de leurs propriétaires a augmenté. Par exemple, les Néerlandais possédaient autrefois une résidence secondaire dans le nord de la France et aujourd’hui, elle se situe en Espagne, voire au Maroc ou en Turquie. La crise économique, combinée à la crise de l’immobilier, a eu et aura un impact important sur le marché des résidences secondaires. Dans un deuxième temps, cela influencera également les paysages environnants et leur évolution.

Le paratourisme

L’importance du phénomène du « paratourisme » n’est plus à négliger, également du point de vue de l’évolution du paysage. En effet, les touristes vont et viennent, mais les maisons de vacances, qui deviennent parfois des adresses permanentes, demeurent. Les retraités, et même les actifs, choisissent de plus en plus de vivre sur leurs anciens lieux de vacances, qui sont souvent des destinations attirant des personnes d’âge mur. La transformation de zones touristiques en lieux de résidence représente ainsi une autre étape dans l’évolution des paysages de Provence, de Catalogne, de Toscane, d’Andalousie, des Baléares et de l’Istrie. S’il est vrai que les propriétaires de maisons de vacances ou les nouveaux arrivants devraient avoir leur mot à dire dans l’administration des régions touristiques, qui deviennent progressivement des « paysages partagés », la difficulté réside dans le fait que ces derniers viennent d’horizons différents et sont étrangers à l’esprit du lieu (genius loci). De plus, la rapidité du changement généré et le manque de préparation des habitants peuvent donner l’impression d’une invasion. Quoi qu’il en soit, ce phénomène tend à favoriser la diversification de l’économie locale. Par exemple, sur le littoral du Languedoc (France), la station de La Grande Motte, créée en 1966, comporte aujourd’hui une partie « ville » habitée par les résidents et une partie « station balnéaire », qui accueille les estivants. Ces deux groupes se mêlent aux visiteurs locaux, à ceux qui possèdent une maison de vacances et aux vacanciers d’hiver dont le nombre ne cesse d’augmenter.

3.4. Les paysages pittoresques et leur appréciation

Si le divertissement et les motivations sociales semblent prévaloir dans les zones de tourisme de masse, les paysages pittoresques sont, avant tout, appréciés pour leurs qualités paysagères : beaux points de vue, patrimoine culturel, faune et flore et villages pittoresques. Parmi les nouvelles valeurs et attitudes susceptibles d’avoir un impact sur le tourisme, le Conseil britannique du tourisme a mentionné la recherche croissante de produits plus authentiques, un attrait pour la nostalgie, les racines, les autres cultures et l’identité, ainsi qu’un intérêt grandissant pour les activités spirituelles et intellectuelles (Veer et Tuunter, 2005). Ces tendances se traduisent par l’émergence de produits qui cherchent à tirer parti des ressources culturelles de certaines régions. L’Association pour l’éducation au tourisme et au loisir (ATLAS) définit le tourisme culturel comme « le déplacement de personnes vers des attractions culturelles situées loin de leur lieu de résidence habituel, dans l’intention d’acquérir de nouvelles connaissances et de vivre de nouvelles expériences afin de satisfaire leurs besoins culturels ». De nombreux sous-segments peuvent être identifiés, comme le tourisme patrimonial, le tourisme spirituel, l’agritourisme, le tourisme gastronomique… Les motivations des clients de ce type de tourisme peuvent être très différentes, mais la nature, l’expérience et l’authenticité culturelle constituent toujours des éléments centraux. La popularité de ces paysages pittoresques repose le plus souvent sur leur caractère supposément authentique et préservé. D’autres paysages sont particulièrement attractifs en raison de leurs qualités naturelles. Les espaces naturels et ruraux attirent les personnes qui apprécient les paysages pour leur beauté naturelle et qui aiment observer la faune et la flore. Là encore, l’idée qu’il s’agit de paysages préservés et intacts prévaut : « plus c’est sauvage, mieux c’est ». Mais ce n’est assurément qu’une illusion, dans la mesure où la plupart des paysages ont été profondément modifiés. Dans des États comme l’Allemagne, le Danemark, la Suède, la France et l’Italie, les transformations structurelles datent du début du XXe siècle ou des années 1950. Dans d’autres États comme le Portugal, l’Irlande, l’Espagne, la Grèce et la Finlande, les problèmes d’exode des populations rurales, de hausse du chômage et de restructuration accélérée de la production ne se sont posés que récemment dans les zones rurales. De plus, le tourisme lui-même a aussi considérablement modifié les paysages pittoresques. En effet, plus ils sont physiquement adaptés aux activités de loisirs, moins ils sont sauvages et authentiques.

À l’instar des zones de tourisme de masse, les paysages ont été aménagés dans un but touristique, bien que moins radicalement. Des infrastructures touristiques et des lieux d’hébergement ont été bâtis, le paysage a été ouvert, les caractéristiques naturelles et paysagères ont été transformées en attractions touristiques. Cependant, en comparaison des stations touristiques de masse, l’entreprenariat y est plus local, individuel et moins organisé. Par ailleurs, les loisirs et le tourisme modifient fondamentalement les paysages pittoresques sur le plan économique et socioculturel. Ils peuvent améliorer la qualité de vie locale, par exemple en améliorant les infrastructures et en encourageant les investissements dans les espaces verts et les espaces de loisirs. Les résidents bénéficient des infrastructures commerciales (magasins) et publiques (manifestations culturelles et activités collectives) mises en place à l’origine pour le tourisme. Dans les zones rurales où l’agriculture est fortement subventionnée et soumise à d’importantes pressions, les loisirs et le tourisme ruraux favorisent la diversification des économies locales, dans la mesure où ils sont étroitement liés à la consommation de biens produits localement. Les « fuites » – dépenses réalisées par des touristes qui quittent l’économie locale du fait qu’elles correspondent à des biens et à des services importés – sont de ce fait nettement inférieures à celles observées dans le cas du tourisme de masse. Le tourisme et les loisirs bénéficient également au marché du travail local et peuvent contribuer à limiter le dépeuplement des campagnes.

Le tourisme et les loisirs peuvent aussi certainement avoir des effets positifs sur l’environnement, l’amélioration de la gestion et l’aménagement écologique d’une zone. De même qu’il peut faire prendre conscience de la valeur du patrimoine culturel d’un lieu, le tourisme peut faire prendre conscience de la valeur de ses ressources naturelles. Ainsi, le fait que des espaces naturels soient visités et appréciés peut inciter les autorités locales et nationales à investir dans la préservation de la nature. Dans certains cas, les visiteurs contribuent directement au financement de la protection d’un parc naturel. De nombreux paysages pittoresques bénéficient désormais d’une stricte protection afin de préserver leurs qualités spécifiques. Ils sont désignés par une variété de formules, telles que « parcs nationaux », « paysages nationaux », « réseaux d’espaces protégés » ou « espaces naturels remarquables ».

Cependant, l’impact des loisirs et du tourisme n’est pas seulement positif. À l’évidence, les paysages pittoresques subissent, comme les autres paysages, les effets négatifs de ces activités. Il s’agit d’ailleurs bien souvent des deux faces de la même médaille. « Le caractère saisonnier de la plupart des activités de tourisme peut être source de problèmes pour les destinations qui en dépendent fortement » (PNUE-DTIE, 2002). Les effets négatifs sont notamment le trafic et les déchets. Les écosystèmes vulnérables et les sites patrimoniaux peuvent souffrir de dégradations dues à un tourisme incontrôlé. De plus, lorsque la capacité d’accueil sociale et culturelle d’une localité est surexploitée, le tourisme peut être source de conflits. L’image de marque régionale est de plus en plus mise en avant dans les zones rurales. « Les zones rurales tendent à être considérées comme un décor verdoyant pour les plaisirs contemporains. Les paysages sont empaquetés, standardisés et transformés en produits de consommation ; plus ils paraissent “authentiques” et mieux c’est » (Metz, 2002:181). Lorsque les rituels religieux, les festivals et les rites ethniques traditionnels sont réduits et aseptisés afin de répondre aux attentes des touristes et que l’identité originelle est perdue (Metz, 2002:181), la standardisation devient un problème. L’identité locale et la vie privée des membres d’une communauté peuvent se détériorer. Le marché actuel du tourisme rural est très exigeant sur la qualité, la sécurité, l’hygiène et le confort. Mais, « si le paysage, l’hébergement, la nourriture et la boisson doivent répondre au désir de nouveauté et d’inconnu des visiteurs, ils ne doivent dans le même temps pas être trop nouveaux ou étranges, car rares sont les visiteurs qui sont réellement à la recherche de choses entièrement nouvelles » (Metz, 2002:181).

4. MOBILITÉ TOURISTIQUE

Tourisme et mobilité ne vont pas l’un sans l’autre, et l’évolution des loisirs est étroitement liée à celle de la mobilité. Les autoroutes et les « routes vertes » ont au départ été inventées pour faciliter les activités de loisirs. Les premières routes nationales de France et d’Italie avaient une finalité touristique et ont été financées par les associations de tourisme nationales. Aux Pays-Bas, et probablement dans de nombreux autres pays d’Europe, la moitié des déplacements routiers sont effectués pour les loisirs.

Le tourisme reste pour une grande part à l’origine de la demande accrue de transports, et en particulier de modes de transports destructeurs pour l’environnement et à fort impact sur le paysage, à savoir les voitures privées et, plus grave encore, les transports aériens. En Europe, en 2005, environ 59 % des touristes ont atteint leur destination par la route et 34 % par les airs. Les compagnies aériennes à bas coûts jouent un rôle important dans l’accroissement de la mobilité des visiteurs (AEE, 2007). Les moyens de transport les plus néfastes pour l’environnement, soit la voiture et l’avion, restent les plus prisés (AEE, 2006). La route est de loin le mode de déplacement dominant au niveau paneuropéen, suivi de près par l’air en Europe occidentale et centrale et en Europe du Sud-Est. Le rail reste fréquemment utilisé en Europe orientale, dans le Caucase et en Asie centrale. C’est pourquoi l’accès aux destinations touristiques doit être géré à une échelle plus large que celle des sites concernés, notamment au niveau transeuropéen. Par exemple, la dérégulation du système de transports aériens a largement encouragé l’utilisation des compagnies aériennes à bas coûts, qui à son tour a favorisé la croissance des transports aériens et contribué à augmenter la distance moyenne des déplacements vers une destination (AEE, 2007). Quoi qu’il en soit, cette évolution a un profond impact sur les paysages concernés. Selon une analyse récente du marché (Organisation européenne pour la sécurité de la navigation aérienne – Eurocontrol, 2006) couvrant 30 pays au niveau paneuropéen, 16,3 % des vols effectués en mai 2006 l’ont été sur des compagnies aériennes à bas coûts. Il existe 50 compagnies aériennes à bas coûts opérant dans 22 pays. Le Royaume-Uni est le marché le plus important avec plus de 32 % des vols exploités par des compagnies à bas coûts, suivi par l’Irlande. Les destinations traditionnelles comme l’Espagne, l’Italie et la France représentent entre 10 et 20 % des parts de marché. Les 11 compagnies aériennes membres de l’European Low Fares Association ont indiqué avoir transporté 106 millions de passagers en 2006, et environ 15 % du nombre total de passagers aériens transportés en 2005 vers, depuis et à l’intérieur de l’Union européenne des vingt-cinq (Direction générale de la Commission européenne pour les informations statistiques – Eurostat, 2007). Les stratégies marketing n’encouragent donc pas toujours les comportements respectueux de l’environnement et des mesures appropriées doivent être prises pour limiter leurs effets. À cet égard, l’exemple des compagnies aériennes à bas coûts est particulièrement parlant. Outre leur impact écologique sur les paysages, elles ont un effet sur l’accessibilité de ces derniers et donc sur la répartition des flux touristiques en Europe et entre les paysages européens. Si ce type de tourisme concerne essentiellement les villes, il affecte également les paysages de campagne environnants. Compte tenu de la contribution croissante de l’aviation au changement climatique mondial, la Commission européenne a proposé d’adopter une législation visant à inclure le secteur de l’aviation dans le Système d’échange de quotas d’émission de l’Union européenne. Selon la Commission, une telle mesure n’aura pas une grande incidence sur le tourisme, mais elle aura globalement une incidence sur la croissance de la demande, ce qui, inévitablement, aura un certain impact sur le tourisme, dans la mesure où les coûts de mise en conformité seront certainement transférés sur les passagers (AEE, 2006).

D’autres domaines d’action des pouvoirs publics, qui ont un lien avec le tourisme, comme l’aménagement du territoire, les transports, l’énergie et la marine, jouent également un rôle clé dans l’évolution du tourisme. Par conséquent, il importe de rationaliser les mesures qui influent sur le tourisme en améliorant la réglementation et la coordination des actions.

5. DÉFIS À RELEVER POUR LES PAYSAGES ET LE TOURISME EUROPÉENS

Les exemples, les faits et les chiffres exposés précédemment ont montré que les loisirs et le tourisme influaient considérablement sur les paysages et y apportaient des changements radicaux. De plus, ce n’étaient pas seulement les paysages entièrement conçus et construits pour les loisirs qui étaient concernés, mais presque tous les paysages. Les paysages urbains, les zones qui entourent les agglomérations urbaines, les paysages touristiques traditionnels, les nouvelles destinations lointaines situées dans d’anciennes régions périphériques sont tous de plus en plus perçus comme des paysages de loisir et/ou touristiques. La principale fonction de nombreux paysages devient progressivement « d’offrir de la relaxation, de l’espace et du divertissement » (Frerichs et Wijs, 2001). Il est évident que ce changement d’attitude crée des attentes différentes quant à l’utilité des paysages et à l’expérience qu’ils offrent. Mais, plus un paysage est perçu comme un produit de consommation, plus le processus de standardisation est inévitable. Or, de nombreuses régions tentent de tirer profit des loisirs et du tourisme, surtout lorsque les autres supports économiques chancellent. Après tout, les loisirs et le tourisme constituent des forces économiques majeures dans le monde entier et l’Europe en reste l’un des principaux acteurs. L’impact des loisirs et du tourisme s’observe partout, depuis la vie quotidienne locale jusqu’aux flux internationaux mondiaux, avec des interférences complexes à tous les niveaux. Cependant, les différences régionales au sein de l’Europe sont multiples et mouvantes. Les paysages varient, tout comme les contextes locaux, régionaux et nationaux. Le caractère mouvant des flux touristiques, l’urbanisation en cours et l’évolution des souhaits et des exigences forcent les zones de loisirs et de tourisme à s’adapter afin de ne pas disparaître et encouragent le développement d’autres destinations.

Cependant, la volonté de réaliser rapidement des bénéfices et l’inattention des acteurs du marché et des pouvoirs publics ont entraîné une croissance rapide et déréglementée des destinations touristiques et de loisirs de mauvaise qualité. En conséquence, les paysages ont dégénéré, ont perdu leur biodiversité et souffrent de problèmes écologiques. Dans les endroits où le tourisme est essentiellement tourné vers le divertissement et l’amusement et a peu de relations avec les caractéristiques du paysage, il n’est plus autre chose que du parasitisme. Cette forme de tourisme a dégradé l’environnement, la viabilité économique à long terme, les structures sociales et les traditions culturelles des paysages et des collectivités locales. Les paragraphes précédents montrent clairement que ses effets ne se limitent pas aux zones touristiques de masse. Les complexes de loisirs et de tourisme peuvent avoir divers impacts négatifs dès lors que les intérêts économiques l’emportent unilatéralement. Aussi, lorsque des paysages possèdent les principaux atouts recherchés par l’industrie du tourisme et lorsque les flux touristiques sont proportionnels à la capacité des régions, la préservation et la gestion prudente de ces qualités sont essentielles. Si les bénéfices mutuels sont mieux équilibrés, les loisirs et le tourisme peuvent se développer en symbiose avec les collectivités locales, et les paysages prospérer. Qualité et durabilité sont directement liées et sont interdépendantes. « Les principes du développement durable concernent les aspects environnementaux, économiques et socioculturels du développement du tourisme et le but est de trouver le juste équilibre entre ces trois dimensions pour garantir sa viabilité à long terme. Les principes de développement et les méthodes de gestion du tourisme durable sont applicables à toutes les formes de tourisme et tous les types de destination, y compris le tourisme de masse et les divers segments spécialisés » (PNUE-DTIE, 1995). Cette observation montre clairement que les loisirs et le tourisme durables sont aussi complexes et divers que les loisirs et le tourisme en général. Le concept de durabilité est interprété et expliqué de diverses manières. Ainsi, différentes parties prenantes issues de différents contextes vont avoir différentes visions et proposer différentes solutions pour différents paysages, en se basant sur les mêmes principes généraux de développement durable. Il s’agit donc de développer des formes de loisir et de tourisme durables qui tiennent compte des personnes, de la planète et des bénéfices économiques et de les ajuster aux souhaits des collectivités locales et des visiteurs, complétant ainsi les objectifs de la Convention européenne du paysage, qui sont d’accompagner les changements à venir en reconnaissant la grande diversité et la qualité des paysages dont nous héritons et en s’efforçant de préserver, voire enrichir, cette diversité et cette qualité au lieu de les laisser péricliter.

6. ORIENTATIONS ET MESURES PRISES AU NIVEAU INTERNATIONAL

La Convention sur la diversité biologique et le 6e Programme d’action pour l’environnement de l’Union européenne considèrent que le tourisme est l’un des principaux secteurs ayant un impact sur l’environnement naturel (et donc sur le paysage). L’ensemble des organisations internationales s’accordent à penser que les politiques environnementales doivent viser à l’intégration des dimensions environnementales dans tous les principaux domaines d’action politique. Les mesures définies d’un commun accord ne pourront être pleinement respectées que si les responsabilités sont partagées entre les différentes parties concernées, à savoir les gouvernements, l’industrie et les populations. 6.1. Les organisations mondiales et conventions internationales La Conférence mondiale de l’Unesco sur le tourisme durable de 1995 a adopté la Charte du tourisme durable, qui exhortait les gouvernements à élaborer des plans d’action visant à appliquer le développement durable au tourisme. La même année, trois organisations internationales clés – le World Travel and Tourism Council (WTTC), l’Organisation mondiale du tourisme (OMT) et le Conseil de la Terre – ont élaboré conjointement un programme intitulé « Action 21 pour l’industrie du voyage et du tourisme : vers un développement écologiquement durable », qui transposait le programme Action 21 dans le domaine des voyages et du tourisme.

L’OMT est l’organisation intergouvernementale chargée du tourisme. Elle a élaboré un guide pour le développement d’un tourisme durable à l’intention des aménageurs du territoire locaux (OMT, 1993). Par ailleurs, elle a travaillé avec diverses associations touristiques nationales pour mettre en place des formations visant au développement d’un tourisme durable au niveau local.

Le WTTC est une association mondiale qui rassemble les directeurs généraux de tous les secteurs de l’industrie du voyage et du tourisme. Elle vise essentiellement à favoriser le développement de complexes touristiques respectueux de l’environnement et, à cette fin, elle a établi un cadre d’action fondé sur le programme Action 21. Elle encourage également les initiatives menées par les éco-industries, comme le programme Green Globe. Ce programme a pour principal objectif de fournir à l’ensemble des entreprises du secteur du voyage et du tourisme des moyens peu onéreux et concrets d’améliorer leurs pratiques culturelles et écologiques. Il aide les entreprises à entrer dans un cercle vertueux d’amélioration et à adapter leur culture et leur pratique d’entreprise.

De plus en plus de destinations touristiques travaillent avec des entreprises du secteur privé pour faire en sorte que les aménagements touristiques, qui sont source de richesses et d’emploi pour les collectivités, soient réalisés de façon durable. À cette fin, le WTTC propose des normes communes fondées sur le programme Action 21, ainsi que des techniques et des technologies inspirées des bonnes pratiques mondiales. Les conventions internationales contribuent également au développement d’activités touristiques internationales durables et le Protocole sur le tourisme de la Convention alpine offre un très bon exemple de cadre législatif environnemental de niveau international. Sur la base de ce texte, l’ensemble des États alpins se sont engagés à développer un tourisme durable dans toutes les régions alpines. Il est également possible de citer la Charte du tourisme méditerranéen, qui vise essentiellement à la préservation du patrimoine commun. 6.2. Les institutions européennes Bien qu’il ne porte pas spécifiquement sur le tourisme, le Traité de l’Union européenne reconnaît que parmi les actions menées par l’Union, certaines doivent inclure des mesures touchant à ce domaine afin d’accomplir les autres tâches qui ont été expressément définies. En 1992, le 5e Programme d’action pour l’environnement a fixé des objectifs environnementaux et le tourisme a été déclaré domaine d’action prioritaire. En 1995, le lancement d’une vaste consultation fondée sur le Livre vert de la Commission concernant le rôle de l’Union européenne dans le domaine du tourisme a été une initiative majeure en ce qu’elle a permis d’évaluer les besoins et de définir le champ d’application de l’action communautaire. Le Livre vert décrivait notamment les actions en cours dans le domaine du tourisme et les instruments qui étaient à disposition.

D’un point de vue opérationnel, cette période a été marquée par l’achèvement de plusieurs programmes, l’évaluation de leur mise en oeuvre et la définition et le lancement de nouvelles initiatives et propositions, telles que la proposition de la Commission de lancer le premier programme pluriannuel (1997-2000) d’aide au tourisme européen, baptisé Philoxenia. Diverses activités ont été mises en oeuvre ces dernières années par le Conseil de l’Europe dans le domaine du tourisme et de l’environnement : colloques spécialisés sur la protection du littoral méditerranéen, séminaires sur les problèmes spécifiques aux pays d’Europe centrale et orientale, examen de sujets tels que le tourisme dans les régions forestières et montagneuses, la protection des deltas, le développement d’un tourisme durable ou l’intégration des facteurs socioéconomiques dans le tourisme. Dans le cadre des programmes spéciaux de coopération avec les États d’Europe centrale et orientale, une assistance technique a été fournie en vue d’aider les autorités à mettre au point leurs programmes intégrés de développement d’un tourisme durable. La Stratégie paneuropéenne de la diversité biologique et paysagère a mis en place un cadre de coordination pour la préservation et l’utilisation durable des ressources naturelles et du paysage dans toute l’Europe. Elle visait à faire en sorte que les considérations relatives à la conservation de la nature et à la préservation des paysages soient prises en compte dans les politiques en matière de tourisme et de loisirs et que ces secteurs d’activités oeuvrent à la protection de l’environnement, afin de protéger la diversité biologique et paysagère.

Plus particulièrement, le domaine d’action n° 2 du Plan d’action sur la diversité biologique et paysagère 1996-2000 invitait à faire en sorte que l’impératif de la conservation de la diversité biologique et paysagère et de son utilisation durable soit pris en compte le plus possible dans tous les secteurs économiques et sociaux concernés, et notamment dans le tourisme et les loisirs (Eckert et Cremer, 1997). Le programme n’est plus en cours mais la stratégie demeure valable. La Stratégie paneuropéenne de la diversité biologique et paysagère a fourni un cadre nouveau et plus vaste pour les activités environnementales liées au tourisme. Dans ce contexte, un groupe intergouvernemental de spécialistes en matière de tourisme et d’environnement a été chargé de travailler avec les organisations concernées des États membres en vue de promouvoir et de mettre en oeuvre les principes du tourisme durable. Un rapport sur le tourisme et l’environnement dans les pays européens a ensuite été élaboré et présenté lors d’une Conférence ministérielle intitulée « Un environnement pour l’Europe » (Sofia, 1995). C’est dans ce document que le paysage a été pour la première fois pris en considération au niveau européen. La Convention européenne du paysage du Conseil de l’Europe a pour objet de promouvoir la protection, la gestion et l’aménagement des paysages européens et d’organiser la coopération européenne dans ce domaine. L’un de ses objectifs prioritaires est de faire en sorte que le paysage soit pris en compte dans les politiques sectorielles touchant aux loisirs et au tourisme.

De nombreuses recommandations du Comité des Ministres du Conseil de l’Europe portant sur ce sujet ont déjà été adressées aux États membres, notamment la Recommandation no R (94) 7 relative à une politique générale de développement d’un tourisme durable et respectueux de l’environnement, la Recommandation no R (95) 10 relative à une politique de développement d’un tourisme durable dans les zones protégées et la Recommandation no R (97) 9 relative à une politique de développement d’un tourisme durable et respectueux de l’environnement dans les zones côtières. En 1996, un colloque visant à définir un nouveau code de déontologie pour le tourisme a été organisé. Un groupe de spécialistes a également lancé des études pilotes sur le tourisme et l’environnement, en vue d’améliorer le patrimoine naturel et culturel de l’Europe par un usage durable du tourisme. Ces études pilotes tiennent compte des aspects naturels, socioculturels et financiers des programmes et de la possibilité de transférer les méthodes utilisées dans d’autres régions européennes afin de favoriser un développement durable par le tourisme.

Une formation standard sur le tourisme et l’environnement a aussi été mise au point afin que les exigences liées à la protection de la diversité biologique et paysagère soient prises en compte dans les programmes des écoles, instituts et universités où le tourisme est enseigné. Le tourisme a été étudié par plusieurs organes du Conseil de l’Europe en tant que secteur pluridisciplinaire. L’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe a consacré plusieurs débats aux questions relatives au tourisme en Europe. Des recommandations sur divers aspects du tourisme ont été formulées, notamment la Recommandation n° 1133 (1990) relative aux politiques européennes de tourisme, la Recommandation Rec(2003)1 sur la promotion d’un tourisme attaché à la mise en valeur du patrimoine culturel dans les perspectives de développement durable, la Recommandation no R (94) 7 relative à une politique générale de développement d’un tourisme durable et respectueux de l’environnement et la Recommandation no R (95) 10 relative à une politique de développement d’un tourisme durable dans les zones protégées. Plusieurs colloques ont été organisés sous les auspices de la Conférence des pouvoirs locaux et régionaux d’Europe (Eckert et Cremer, 1997).

6.3. Stratégies et mesures visant à créer une relation harmonieuse entre paysages et loisirs

En collaboration avec l’industrie du voyage et du tourisme, certains États membres de l’Union européenne ont lancé des stratégies nationales de promotion d’un tourisme durable. Ces mesures ont encouragé l’industrie du tourisme à élaborer des codes de bonnes pratiques environnementales (Eckert et Cremer, 1997). C’est aux régions et aux collectivités locales qu’il appartient en premier lieu de prendre des mesures en faveur d’un tourisme durable. En conséquence, elles devraient être les principales bénéficiaires du tourisme. Les initiatives prises aux niveaux local et régional sont multiples et concernent notamment : l’aménagement responsable du territoire, la création de zones protégées et la canalisation des déplacements des visiteurs dans les espaces sensibles (Eckert et Cremer, 1997).

Lois, règles et réglementation

Les solutions potentielles aux nombreux problèmes causés par le tourisme prennent la forme de programmes, de stratégies et de lignes directrices mis au point par diverses organisations gouvernementales, intergouvernementales et non gouvernementales. Cependant, les moyens permettant de contrôler l’application des lois et règlements existants sont limités.

Parcs et zones protégées

Les parcs nationaux constituent un moyen pour les gouvernements de protéger de vastes écosystèmes et paysages. Le concept de développement d’un tourisme durable y est largement mis en avant, afin de soutenir ces destinations touristiques très prisées. En 1994, dans le cadre de son Plan d’action pour les aires protégées en Europe, la Commission des parcs nationaux et aires protégées de l’Union internationale pour la conservation de la nature a demandé aux gouvernements d’élaborer, pour chaque aire protégée, des plans de gestion et de zonage afin d’interdire certaines activités zone par zone. Dans son rapport intitulé « Les aimer jusqu’à la mort ? », la Fédération des réserves naturelles et des parcs nationaux d’Europe, tout en reconnaissant la nécessité de développer les zones protégées, a insisté sur le fait que le tourisme devait y être contrôlé et équilibré. À la suite de la publication de ce rapport, une Charte européenne pour un tourisme durable, devant être appliquée dans les réserves naturelles et les parcs naturels d’Europe, a été élaborée (Eckert et Cremer, 1997). En 2012, 89 parcs, dans neuf États européens, avaient signé cette charte et respectent depuis ses principes de gestion intégrée du tourisme, de protection des ressources naturelles, de soutien à l’économie locale et de coopération avec la population locale.

Législation relative à la protection des ressources naturelles et des paysages

Le Danemark possède la législation relative à la protection du littoral la plus développée et la dernière version de cette législation a encore allongé la bande côtière protégée. De plus, en vertu des lois et règlements danois en matière d’aménagement urbain, les zones du littoral qui n’ont pas été exploitées à ce jour devront demeurer des espaces naturels protégés. Les pouvoirs locaux et régionaux sont invités à examiner les projets en cours en ayant cet objectif à l’esprit. En France, à la suite de l’adoption en 1977 d’un décret relatif à la protection de la nature, la réalisation d’aménagements tels que marinas ou campings donne lieu à l’élaboration d’une étude d’impact environnemental. Depuis 1993, date de modification du décret, l’aménagement de terrains de golf et de parcs à thème donne également lieu à de telles études (Eckert et Cremer, 1997). Grâce aux parcs nationaux, chaque gouvernement a les moyens de protéger avec succès de vastes écosystèmes. Afin de soutenir ces destinations favorites des touristes, le concept de développement durable du tourisme reçoit une attention particulière. Dans le cadre de son Plan d’action pour les aires protégées en Europe, la Commission de l’UICN sur les parcs nationaux et les aires protégées a, en 1994, demandé aux gouvernements que pour chaque aire protégée, des plans de gestion et de zonage soient préparés en vue d’interdire certaines activités (Eckert et Cremer, 1997).

Écolabels et concours

Organiser des concours ou décerner des écolabels constitue une bonne technique pour encourager le développement d’un tourisme durable. Il s’agit d’inciter les responsables du tourisme à s’engager davantage dans le respect de l’environnement et d’aider les touristes à choisir leurs destinations et leurs lieux d’hébergement (Eckert et Cremer, 1997). En Autriche, les critères d’attribution d’un écolabel autrichien du tourisme ont été définis en 2008 afin d’encourager une gestion des lieux d’hébergement touristiques respectueuse de l’environnement. Depuis 1995, six îles européennes participent à un projet d’« éco-îles » et ont constitué un réseau de coopération. L’île d’Hiiumaa, en Estonie, participe au projet et fait partie d’une réserve de biosphère. Cette coopération vise à étudier les manières de développer un tourisme respectueux de l’environnement sur l’île. À cette fin, l’écolabel Hiiumaa a été créé (Eckert et Cremer, 1997). Depuis 2009, l’île participe au projet d’Écorégions de la mer Baltique, également tourné vers le tourisme durable et qui comprend 40 autres initiatives. Dans les années 1990, l’Office du tourisme allemand et les ministères allemands de l’Environnement et du Commerce ont organisé des concours destinés à récompenser les lieux touristiques respectueux de l’environnement. Ces concours ont permis d’évaluer l’efficacité écologique et économique des activités de près de 6 000 destinations touristiques allemandes, ainsi que les résultats obtenus en matière de préservation de la nature et du paysage (Eckert et Cremer, 1997).

Aspects financiers

Le tourisme et les loisirs pourraient être une source de financement pour la préservation et l’aménagement des ressources naturelles et des paysages. Les mécanismes envisageables, directs et indirects, sont les suivants :

Le Comité des Ministres du Conseil de l’Europe a recommandé d’utiliser une partie de la taxe de séjour pour financer les infrastructures environnementales et les actions de préservation de l’environnement (Recommandation Rec(95)10 relative à une politique de développement d’un tourisme durable dans les zones protégées). En Autriche, le Land de Salzbourg a institué en 1992 une taxe sur les résidences secondaires qui est utilisée pour financer les initiatives de conservation du paysage. Les Baléares prélèvent une écotaxe sur les nuits d’hôtel et la France prélève une taxe sur le transport des passagers vers les petites îles. Une taxe sur la plongée sous-marine collectée dans la réserve naturelle des îles Medes (Catalogne, Espagne) a généré 68 % du budget de la réserve.

CONCLUSION

À notre époque de changements et de crises multiples (crise de l’économie, de l’environnement, du secteur de la construction, etc.), les régions dont l’économie dépend fortement de l’afflux de touristes pourraient être menacées. Le changement des comportements touristiques peut s’avérer désastreux pour les sociétés concernées. Par ailleurs, d’autres changements, de climat ou d’hydrologie par exemple, peuvent se répercuter sur l’attractivité touristique d’un paysage et avoir des conséquences (directes ou indirectes) sur son avenir. Rappelons-nous, pour ne citer que des exemples récents, l’épidémie de fièvre aphteuse, l’éruption volcanique en Islande ou les révolutions survenues dans le monde arabe. Parmi les tendances actuelles, on constate un intérêt croissant pour la qualité au sens large. La qualité et l’identité des paysages représentent donc une chance pour le secteur du tourisme. À ce jour, la plupart des politiques et programmes de durabilité prêtent peu d’attention au paysage en tant que tel, et en tant que concept intégrateur ou objectif. Ces efforts se concentrent habituellement sur les problèmes environnementaux liés aux cours d’eau, à l’énergie et aux matériaux, et dans une moindre mesure au patrimoine naturel et culturel. Il faut bien reconnaître que dans la prise en compte de la durabilité, la notion de paysage est souvent la dernière abordée. En outre, les paysages quotidiens ou « ordinaires », sont généralement oubliés. Ils sont pourtant eux aussi couverts par la Convention européenne du paysage et ainsi l’approche globale du paysage préconisée par la Convention est rarement appliquée. Des politiques européennes et nationales pour stimuler le tourisme et son industrie peuvent être utiles pour soutenir l’économie locale et, par conséquent le paysage, qui est développé, influencé et géré à ces fins. Nous devons donc comprendre et regarder l’industrie des loisirs en tant que moteur de la plus haute importance pour le développement de paysages et de leur qualité (Mommaas J. T. 2006 ; Berker R., Emonts T. et Hillebrand H. 2011).

Le Conseil de l’Europe et les Parties contractantes de la Convention européenne du paysage devraient en tenir compte et saisir toutes les occasions de présenter le concept de paysage tel que défini par la Convention. Dans la dynamique actuelle, alors que l’Union européenne participe de plus en plus à des politiques et programmes en faveur du tourisme durable, les esprits sont prêts à intégrer le concept de paysage. Bien sûr, l’échelon national et les autres échelons ont la même importance. Dès leur apparition, les notions de paysage et de tourisme (loisirs) ont été étroitement liées. La Convention du paysage devrait permettre à cette relation de rester fructueuse à l’avenir. Il faut pour cela une vision nationale, mais aussi internationale et européenne des paysages de loisirs. À tous les niveaux (international, national, régional, local et commercial), notre réflexion et nos actions en matière de politique du tourisme et des loisirs devraient être axées sur la durabilité. Il serait souhaitable que la notion de paysage telle que promue dans la Convention européenne du paysage, constitue un aspect important de cette durabilité. La méthode générale de travail exposée dans la Convention, et expliquée plus en détail par Michael Dower (2008), donne les contours de cette intégration entre loisirs et paysage. Le paysage devrait être intégré à la politique touristique ; inversement, les loisirs et le tourisme devraient être intégrés à l’aménagement du paysage et du territoire. Toute élaboration de politiques, de plans, d’aménagements et de projets devrait passer par l’identification et l’évaluation des paysages. Des objectifs paysagers devraient aussi être développés. Les paysages (de loisirs) devraient être correctement protégés, gérés et aménagés, et les projets réalisés devraient faire l’objet d’un suivi. Il est aussi nécessaire que toutes les initiatives en matière de tourisme et de loisirs s’accompagnent d’actions visant à sensibiliser aux projets touristiques et paysagers, à les expliquer et à montrer qu’ils valent qu’on y adhère. Afin de réaliser une bonne planification, il est nécessaire de disposer d’informations fondées sur des données internationales concernant les loisirs et la relation au paysage. Les études sur lesquelles se fonde le présent rapport montrent un manque de données comparables et synchronisées. C’est particulièrement le cas pour les loisirs qui ne relèvent pas de l’industrie du tourisme, comme les loisirs de plein air ou les visites touristiques à l’intérieur des frontières nationales. L’Agence européenne de l’environnement, Eurostat et l’Observatoire en réseau de l’aménagement du territoire européen (ORATE) pourraient jouer un rôle à cet égard. L’élaboration de la carte des paysages de loisirs européens devrait se poursuivre : cette carte peut constituer un outil intéressant pour suivre l’évolution des paysages et des politiques touristiques en Europe et pour tenir compte d’analyses dans d’autres secteurs, comme l’agriculture. Nous avons tenté d’adopter un point de vue européen. La Convention européenne du paysage porte sur tous les paysages et donc sur tous les paysages de loisirs, que ces loisirs se tiennent en zone urbaine, périurbaine ou rurale ; non limitée aux paysages exceptionnels, elle porte aussi sur les paysages ordinaires et même sur ceux qui ont été détériorés.

Les paysages sont le cadre dans lequel notre existence se déroule ; ils jouent un rôle essentiel dans notre qualité de vie. Les besoins en loisirs et les loisirs comme moteurs de l’aménagement du paysage influencent l’environnement dans lequel nous évoluons, que ce soit de façon quotidienne, hebdomadaire ou annuelle. Le grand public devrait donc être encouragé à participer activement à la préservation des paysages ; mais il devrait en aller de même pour les professionnels et les entreprises, des petites et moyennes entreprises jusqu’aux multinationales. En outre, les paysages de loisirs d’Europe sont chéris de tous les Européens : leur valeur dépasse les frontières locales ou nationales. Les pouvoirs publics à tous les niveaux devraient donc agir pour les protéger, les gérer et les aménager de façon à en maintenir et en rehausser la qualité, dans le cadre du processus de développement des loisirs dans un esprit de développement durable. Il existe toujours une tension entre les habitants, les visiteurs et les usagers des paysages de loisirs. Nous souhaitons souligner qu’au cours de l’aménagement, du développement et de l’entretien de ces paysages, il convient d’accorder explicitement une grande attention aux droits, à l’engagement et aux besoins des personnes qui vivent et qui travaillent dans ces paysages. Ici, la responsabilité incombe en premier lieu aux pouvoirs publics.

Références

En savoir plus

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