La CORETET (Communauté de Sites REssources sur les Territoires Et la Transition) et son organisation en une Alliance

Pourquoi ? Quelle différence avec une association d’organisations et de réseaux ?

Pierre Calame, enero 2024

Une alliance se caractérise par le souci d’inscription dans la longue durée, avec un organisme technique chargé d’assurer le fonctionnement du collectif et une assemblée d’alliés.

Une alliance relève des organisations de type « organique », par oppositions aux organisations les plus fréquentes aujourd’hui, entreprises, associations, partis politiques qui sont de type « mécanique ». L’exposé montre comment ces deux types d’organisation s’opposent sur de nombreux points : la conception et la répartition du pouvoir, le degré de décentralisation, la stabilité des objectifs dans la durée.

Dans une alliance, les invariants essentiels portent sur : les objectifs ; les valeurs partagées ; les procédures de travail librement consenties et respectées. C’est ce trépied qui assure la cohérence de l’ensemble. Il est résumé par un document essentiel, la Charte de la CORETET.

Para descargar: alliance_une_forme_nouvelle_d_organisation.pdf (160 KiB)

1. L’ingénierie institutionnelle, art de trouver des modes d’organisation collective allant dans le sens des objectifs que l’on poursuit est au cœur de l’action collective.

Chaque institution, avec ses règles de fonctionnement, modèle l’action à son image. Si « la logique institutionnelle » va dans le sens contraire des buts poursuivis, il faut des prodiges de volonté pour faire fonctionner l’institution au rebours de sa direction naturelle. Exemples : l’organisation des collectivités pousse à des politiques en silo ; la comptabilité des entreprises privilégie les résultats financiers ; en matière de gouvernance publique, on peut bien reconnaître intellectuellement qu’aucun problème ne peut être résolu à un seul niveau, la logique de répartition entre les différents niveaux de gouvernance de compétences exclusives rend cette coopération impossible ; on reconnaît que la transition est systémique mais les procédures de l’État privilégient une approche par projet sectoriel, etc…

L’ingénierie institutionnelle s’intéresse aux formes d’organisations de la réflexion et de l’action collective indépendamment de la nature et du champ d’action des organisations.

2. Les origines du concept « d’alliance »

3. Modèles d’organisation mécaniques et organiques

Une réflexion qui traverse tous les milieux, y compris les entreprises : combiner de nouvelle manière unité et diversité, autonomie et cohérence, engagement sur des domaines partiels et insertion dans une dynamique d’ensemble, mobilisation des créativités, capacité décentralisée à réagir face à des événements inattendus. Une floraison de concepts, de principes d’organisation, de philosophies de l’action collective.

Les systèmes dont nous héritons et qui sont encore dominants dans l’entreprise, dans l’État, dans les collectivités territoriales, sont inspirés par des analogies mécaniques.

Le modèle organique est plus souple, plus décentralisé, fait plus de place à l’initiative à la base et à la capacité de réagir à des événements imprévisibles. Les termes de holocratie, de sociocratie, de démocratie permanente, de réseaux d’allégeance, de régulation cybernétique, de subsidiarité active, décrivent dans différents registres cette évolution en cours.

3. Une comparaison terme à terme des organisations traditionnelles, telles que les associations, et des alliances

  1. La décision : acte ponctuel vs processus d’élaboration et de mise en œuvre.

  2. L’organisation : organes statutaires vs constitution ( un objectif, des valeurs partagées, des disciplines librement consenties).

  3. La prise en compte de la durée : planification vs stratégie.

  4. Le pouvoir : pouvoir substantiel vs pouvoir créateur : dans les alliances, c’est la valeur ajoutée de chacun à la poursuite de l’objectif commun qui est le fondement du pouvoir.

  5. Communauté : fermée vs ouverte. Du vote majoritaire à la recherche de consensus.

  6. Mode de cohérence : hiérarchie vs règles du jeu.

  7. Pouvoir d’initiative : le centre vs les membres : dans les alliances les initiatives se prennent par les membres et associent les alliés qui le désirent.

  8. Le savoir : vérité vs expérience : dans les alliances, le savoir est distribué tant dans sa production que dans son usage ; le savoir collectif est le fruit d’une capitalisation permanente de l’expérience apportée par les uns et par les autres.

  9. Diffusion de l’innovation : généralisation de bonnes pratiques vs principes directeurs : dans les alliances, des communautés apprenantes tirent en permanence parti de l’expérience des uns et des autres et en dégagent des principes directeurs.

  10. Source de l’autorité : légalité vs légitimité : dans les alliances, ce qui compte c’est la légitimité personnelle ou collective de ceux qui assument le pouvoir, la manière dont il est assumé. La valeur ajoutée à l’œuvre commune est le fondement de cette légitimité.

  11. Structure : organigramme vs structure souple et évolutive : dans les alliances de nouvelles fonctions, de nouveaux chantiers, de nouveaux rôles émergent au fur et à mesure des besoins.

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