Les mouvements citoyens et militants pour le logement en Allemagne

Question de définition

Elodie VITTU, 2008

Collection Passerelle

Cette fiche présente deux modes actions militants pour le logement en Allemagne : une partie associative classique, telle que nous la connaissons en France, et qui reste marginale, et une autre, plus courante, qui correspond à l’émergence de mouvements citoyens locaux et auto-gérés, organisés autour d’un objectif commun et non destinés à durer si l’objectif est atteint.

Si la forme d’ « association loi 1901 » est très répandue en France, ce n’est pas le cas en Allemagne pour les associations inscrites au journal officiel (eingetragener Verein). Cette remarque vaut également pour le logement et les formes de mobilisation qui l’entourent ; elles ne sont pas organisées en association mais dessinent un paysage très varié de mouvements collectifs. Les groupements d’intérêts se distinguent notamment des groupements d’occupants. L’association de locataires se situe entre ces deux formes de mobilisation.

Une communauté d’intérêts (Interessengemeinschaft) se constitue lorsqu’un objectif partagé est défendu : par exemple, la défense des sans-abris. Avec une dimension plus politique, les alliances-actions (Aktionsbündnis) réunissent les partisans d’un objectif, comme la lutte contre la privatisation, pratiquent le lobbying politique. Ces regroupements, indépendants des structures associatives telles que les associations de locataires, sont des outils de défense pour une action à durée limitée, sur une thématique précise.

Les groupements d’occupants sont nombreux et s’organisent de diverses manières. Pour limiter les frais liés au logement, les étudiants, mais aussi les jeunes, actifs ou non, et certaines familles vivent en colocation (Wohnungsgesellschaft ou WG), une forme de logement aujourd’hui banalisée en Allemagne. Dans la même tradition, des projets d’habitat plus originaux se construisent : des squats (besetztes Haus) se transforment parfois en maisons communautaires (Hausprojekt), quand un contrat autorisant l’occupation est signé avec la municipalité. Ces projets d’habitat collectif fonctionnent en auto-gestion.

Les coopératives (Genossenschaft) fonctionnent également selon le principe communautaire, avec un encadrement juridique strict de ce que recouvre la coopération.

A l’échelle du quartier, les initiatives-citoyennes (Bürgerinitiative) rassemblent des habitants pour une action territorialisée, souvent liée à un quartier. Elles n’ont pas d’existence juridique. Plus institutionnels, dans les zones de réhabilitation, les comités de quartiers (Betroffenenvertretung) représentent les personnes concernées par un projet de rénovation urbaine. Leur existence est imposée par le code de l’urbanisme comme instance de concertation ; leur niveau d’implication politique dépend des membres qui s’y engagent.

A l’articulation entre le groupement d’intérêt et la représentation des occupants, les associations de locataires (Mieterverein) ont une mission bien précise : elles défendent le droit des locataires et offrent des conseils juridiques à leurs adhérents. Historiquement, elles ont fait le choix de ne pas se positionner politiquement.

C’est pour répondre à ce manque d’engagement que sont nées, parallèlement au développement des luttes urbaines des années 1970 et du mouvement de squats, les associations de locataires alternatives (alternative Mieterverein).

Les associations de locataires « classiques » et leurs petites sœurs « alternatives » ne travaillent pas ensemble. Alors que les premières restreignent le champ de leur action à l’amélioration de la situation des locataires individuellement (par des réductions de charges locatives, la lutte contre la spéculation immobilière ou pour le maintien des locataires dans les immeubles réhabilités), les associations alternatives mettent l’accent sur la sensibilisation et l’information du public sur des questions urbaines plus vastes. Elles travaillent souvent en réseau avec d’autres structures au niveau régional et parfois même européen.

Referencias

Cet article a été écrit à partir d’informations collectées en août 2005 dans le cadre de l’échange associatif entre la MieterInnenverein de Witten, l’Aitec et Echanges et Partenariats.

Interview d’une habitante

Cette fiche a été initialement publiée dans le n°1 de la Collection Passerelle. Vous pouvez retrouver le PDF du numéro Europe : pas sans toit ! Le logement en question

Cette fiche a été initialement publiée dans le n°1 de la Collection Passerelle. Vous pouvez retrouver le PDF du numéro Europe : pas sans toit ! Le logement en question

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